Après plusieurs semaines d’hésitations, c’est un plan de relance sans précédent qui vient d’être adopté par le gouvernement allemand en Conseil des ministres ce lundi 23 mars : jusqu’à 1 200 milliards d’euros seront mis à disposition des entreprises, de l’économie et des ménages.

Déjà rendu caduque par l’ampleur de la crise, le premier programme de sauvetage de 550 milliards d'euros annoncé la semaine dernière s’est révélé insuffisant, tant l’économie nationale, dépendante des exportations et des importations, se retrouve exposée à la contractions des échanges internationaux. Selon l’Institut économique Ifo, les arrêts de production, le chômage partiel et l’augmentation du taux de chômage pourraient ainsi coûter jusqu’à 729 milliards d’euros à l'Allemagne, soit un recul de 20 % dans le pire des scénarii. "Si l'économie s'arrête presque totalement pour deux mois, la perte sera comprise entre 255 et 495 milliards d'euros, chiffre Clemens Fuest, président de l’Ifo. Si la crise venait à durer trois mois, les coûts pourraient atteindre entre 354 et 729 milliards d'euros." De son côté, le ministre de l’économie Peter Altmaier a dit s’attendre à une récession "au moins aussi élevée qu’en 2008-2009". Le PIB avait alors reculé de 5,7 points.

Dans cette éventualité, le gouvernement sort donc l’artillerie lourde et pour la première fois depuis 2013, s’autorise à augmenter ses emprunts jusqu'à 156,3 milliards d'euros, soit environ 100 milliards d'euros de plus que ce que la règle constitutionnelle, qui limite le déficit à 0,35 % du PIB, ne l’autorise. Dans le même temps, les recettes fiscales seront abaissées de 33 milliards d’euros pour alléger la pression sur les ménages et les entreprises. "Il s’agit d’une situation d’urgence exceptionnelle", a commenté le ministre des Finances Olaf Scholz (SPD) pour justifier ce déversement d’argent public qui vient faire voler en éclat la règle d’orthodoxie budgétaire.

Fonds de secours pour les grandes entreprises

Concrètement, le plan, qui sera adopté le 25 mars au Bundestag puis le 27 mars au Bundesrat, sera doté d’un Fonds de secours pour les grandes entreprises doté d’un volume de 600 milliards d’euros (200 milliards de capitaux et 400 milliards de garanties). Il prévoir aussi le cas échéant une nationalisation partielle d’entreprises stratégiques. Elle pourrait par exemple concerner la compagnie Lufthansa, dont les avions sont cloués au sol, et le numéro 1 du tourisme TUI. Pour les petites entreprises, mais aussi les auto-entrepreneurs ou les artistes, 50 milliards d’euros seront mis sur la table sous forme d’aides directes uniques sur trois mois de 9 000 euros pour les PME de moins de cinq salariés et de 15 000 euros pour les moins de dix employés. Enfin, les moyennes entreprises confrontées à des problèmes de trésorerie pourront obtenir des prêts auprès de la banque publique KfW, dotée d’un fonds maximal de 550 milliards d’euros. Le reste du soutien sera destiné à financer le chômage partiel, qui pourrait toucher jusqu’à 2,5 millions de personnes dans le pays, pour un coût de plus de de 10 milliards d’euros.