Il n'y aura "pas de coup de pouce au Smic, vraisemblablement pas", a affirmé mercredi 2 décembre Jean Castex. Le Premier ministre suit ainsi les recommandations du groupe d'experts sur le salaire minimum, qui préconise dans rapport remis la veille à la ministre du Travail Elisabeth Borne de s'en tenir à la revalorisation automatique du salaire minimum, estimée à environ 1%.

Ce sera donc "quelque chose entre 1% et 1,2%, on n'a pas encore arrêté la décision", a précisé le Premier ministre sur BFMTV/RMC.

"Compte tenu de la conjoncture, (ce) sera quand même une hausse qui évidemment n'est pas merveilleuse, mais pas négligeable non plus", a-t-il ajouté. Fin novembre, l'inflation était en hausse de 0,2% sur un an selon l'Insee.

"Une hausse du pouvoir d'achat supérieure à l'an passé"

Consulté chaque année depuis 2008 avant chaque revalorisation, le groupe d'experts a toujours déconseillé aux gouvernements d'accorder un "coup de pouce". Le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères : l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE). 

Le 1er janvier 2020, le Smic avait ainsi été revalorisé de 1,2%, sans coup de pouce pour 2,3 millions de bénéficiaires. Il s'établit actuellement à 1.219 euros net mensuels.

Pour 2021, les experts indiquent que selon une "estimation provisoire", la revalorisation automatique qui serait de l'ordre de "0,99%",permettrait "une hausse du pouvoir d'achat supérieure à l'an passé".

La crise du Covid-19 en cause

Le panel d'économistes consulté avant chaque revalorisation du salaire minimum justifie sa recommandation par des "raisons structurelles auxquelles s'ajoutent les effets de la crise due à la Covid-19". Ils soulignent dans leur rapport qu'avant cette crise qui constitue un "choc économique colossal", la situation de l'économie française "demeurait fragile" et jugent qu'une hausse au-delà de la revalorisation automatique "risquerait d'être préjudiciable à l'emploi des personnes les plus vulnérables". 

"La situation de l'économie française a été bouleversée par la crise de la Covid-19, et les nouvelles configurations provoquées par ce bouleversement ne plaident pas non plus pour un coup de pouce", ajoutent-ils. "L'état du marché du travail et la situation financière de la plupart des entreprises se sont considérablement dégradés et une incertitude majeure pèse sur l'éventualité d'une reprise rapide", observent-ils, estimant que "cette situation renforce la priorité à accorder à l'emploi (...) et non aux gains de pouvoir d'achat"