La ministre du Travail Muriel Pénicaud a indiqué mardi soir que le nombre de salariés du secteur privé en chômage partiel s'élève désormais à 5,8 millions, soit un salarié du privé sur quatre.

Au total, 544.000 entreprises ont demandé à bénéficier du dispositif de recours à l'activité partielle (le nom officiel du chômage partiel) mis en place par le gouvernement pour atténuer les effets économiques du coronavirus sur la société française.

Un coût qui pourrait atteindre 19,7 MdsE

"On est le seul pays à être à ce niveau de chômage partiel", a précisé la ministre lors d'une audition en vidéoconférence au Sénat. Elle a ajouté que la mesure pourrait coûter à l'Etat 19,7 milliards en trois mois, tout en appelant à la prudence sur ce chiffre "très évaluatif", en raison de plusieurs inconnues, dont la durée du confinement.

Initialement, le gouvernement s'attendait à un coût du chômage partiel de l'ordre de 8,5 milliards d'euros.

Toutefois, "si toutes les entreprises qui ont fait la déclaration pour les 5,8 millions de salariés utilisent le chômage partiel pleinement pendant trois mois, le coût au bout de trois mois sera de 19,7 milliards d'euros", a-t-elle précisé. Ce dispositif a été mis en place pour "sauver des millions d'emplois, éviter le chômage à des millions de Français et permettre aux entreprises de repartir plus vite", a rappelé mardi la ministre du Travail.

84% du salaire net préservé

Le recours au chômage partiel a explosé depuis son lancement, au moment du confinement des Français instauré depuis le 17 mars pour freiner la propagation du Covid-19, qui a tué à ce jour plus de 10.000 personnes en France.

Le 27 mars, Muriel Pénicaud avait fait état de 150.000 entreprises ayant requis ce soutien, pour bénéficier à 1,6 million de salariés. Puis, lors d'un nouveau pointage tout début avril, 337.000 entreprises l'avait demandé pour 3,6 millions de salariés.

Rappelons que le dispositif du chômage partiel permet au salarié d'être indemnisé à hauteur de 70% du salaire brut et 84% du salaire net. L'indemnité est prise en charge intégralement par l'Etat jusqu'à une rémunération brute de 4,5 Smic, contre un remboursement forfaitaire inférieur au Smic avant la crise du coronavirus.

Financement réparti entre l'Etat et l'Unedic

Interrogée sur la répartition du financement du chômage partiel entre l'État et l'Unédic (l'organisme qui gère l'assurance chômage), Muriel Pénicaud a expliqué qu'"il y avait un usage, deux tiers Etat, un tiers Unédic. Nous avons proposé à l'Unédic de rester dans ce cadre".

Cette répartition sera formalisée "très prochainement" dans une convention tripartite (syndicat, patronat, Etat). Elle a précisé que "l'Etat garantit la dette de l'Unédic (...) donc le tiers qui sera pris en charge par l'Unédic fera partie de fait de la dette garantie par l'Etat".