Un reconfinement semble écarté à ce stade. Mais l'ajout de territoires aux 25 départements déjà sous couvre-feu dès 18h00, voire sa généralisation à l'ensemble du pays, fait partie des hypothèses envisagées, selon des sources proches du gouvernement, qui dévoilera son plan lors d'une conférence de presse jeudi.

Le président du Conseil scientifique qui guide les choix de l'exécutif, Jean-François Delfraissy, a dressé un état des lieux "paradoxal": "d'un côté on a une France qui se situe mieux que l'ensemble des pays européens (...) de l'autre, on a des chiffres qui stagnent, voire en légère augmentation depuis la mi-décembre, on n'a pas encore le retentissement exact des conséquences des fêtes du 31 décembre, et on a un taux d'occupation des lits en hospitalisation et réanimation relativement élevé, mais qui ne s'emballe pas", a-t-il développé sur France Info.

 

"Il y aura probablement un certain nombre de mesures plus strictes à prendre", mais "on n'est pas dans l'extrême urgence. Laissons-nous quelques jours pour voir", a déclaré l'immunologue, qui recommande par ailleurs de laisser les écoles ouvertes, avec des "mesures de surveillance beaucoup plus strictes".

La principale inquiétude des autorités et des experts sanitaires porte sur la circulation du variant "VOC 202012/01", qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni, où les hôpitaux sont submergés. Ce variant représente désormais environ 1% des tests positifs au Covid-19 en France, selon les résultats préliminaires d'une enquête menée sur deux jours la semaine passée, d'après le ministre de la Santé Olivier Véran.

"On est dans une sorte de course de vitesse entre l'apparition de ce variant" et "la vaccination des personnes les plus fragiles", a déclaré M. Delfraissy.

"Il faut vacciner le plus de gens le plus vite possible, pour que ce variant anglais ne fasse pas encore plus de mal que ce qu'on a déjà vécu", a renchéri sur France Inter la réanimatrice de l'hôpital Bichat Lila Bouadma, elle aussi membre du Conseil scientifique.

Un autre variant, dit sud-africain, déjà détecté en France, inquiète également, notamment parce que des questions sont posées sur sa possible résistance aux vaccins. "Il faut sûrement restreindre de façon drastique nos relations avec l'Afrique du sud,c'est vrai pour la métropole c'est encore plus vrai pour la Réunion et Mayotte", a recommandé le Pr Delfraissy.

Le Covid-19 pèse toujours sur le système de santé français, avec 24.703 patients hospitalisés, chiffre stable depuis un mois, dont 1.660 nouvelles admissions mardi, et 362 décès à l'hôpital le même jour. Au total, 68.802 personnes sont mortes de la maladie depuis le début de l'épidémie.

- "Etudiants déprimés" -

Dans ce contexte, les autorités affichent leur volontarisme pour accélérer la campagne de vaccination, après un démarrage poussif et critiqué.

Selon le dernier bilan, près de 190.000 personnes ont reçu leur première injection sur les deux prévues au début de la campagne, le 27 décembre, alors que la France disposait la semaine dernière d'un million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech.

Les chiffres ont été boostés par l'ouverture de la vaccination aux professionnels de santé, pompiers, et aides à domicile de plus de 50 ans ou à risques. Mardi matin, moins de 30.000 résidents âgés des Ehpad avaient reçu le vaccin. Le gouvernement espère atteindre 400.000 personnes dès la fin de la semaine, et un million à la fin du mois de janvier.

Nancy a officiellement inauguré mercredi la vaccination pour les plus de 75 ans en ville. 

Au niveau national, cela démarrera le 18 janvier et les rendez-vous pourront être pris à partir de jeudi sur internet et par téléphone, mais "il est évident que tout le monde ne va pas pouvoir être vacciné tout de suite", prévient-on au ministère de la Santé. Les plus de 75 ans représentent 5 millions de personnes, alors que la France attend pour tout le mois de janvier 2,6 millions de doses des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.

"Il y a trois mois difficiles à tenir", a résumé Jean-François Delfraissy, particulièrement inquiet pour la santé psychique des étudiants.

Il demande de "tout faire pour qu'on puisse reprendre en présentiel une partie de l'activité des étudiants".

Mardi, une étudiante lyonnaise a menacé de se défenestrer, quelques jours après la tentative de suicide d'un autre étudiant à Villeurbanne.