Une semaine décisive s'ouvre dans la lutte contre l'épidémie. Faudra-t-il confiner le pays pour la 3e fois ? L'exécutif l'exclut pour l'instant, même si certains soignants le réclament. "Pour le moment, les chiffres à date nous laissent penser que le couvre-feu suffit", a expliqué le Premier ministre Jean Castex, lundi 11 janvier à Matignon devant les chefs de groupes parlementaires. Toutefois, il "ne faut pas exclure un troisième confinement en dernier recours", a-t-il reconnu

Après avoir repoussé la réouverture des bars, restaurants, lieux culturels et étendu, dimanche, le couvre-feu de 18H00 à huit nouveaux départements, soit 23 au total (ils seront 25 mardi), le gouvernement risque encore d'être placé face à des choix difficiles. Un conseil de défense sanitaire est prévu mercredi, à la veille d'une nouvelle conférence de presse gouvernementale jeudi. "On va très vraisemblablement avoir une recrudescence du nombre de cas en France", a averti l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, lundi matin sur BFMTV et RMC

"Le confinement strict et précoce est la meilleure arme"

Une association de médecins et scientifiques, Fondation PandemIA, plaide, lundi dans Le Monde, pour un reconfinement. "Il est à craindre que l'aggravation de l'actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement, du fait, de nouveau, des graves pressions sur le système de santé, écrivent-ils dans cette tribune. "Le confinement strict et précoce est la meilleure arme contre la propagation virale, même s'il est de plus en plus mal vécu par la population."

"À ce stade, il n'y a pas de reconfinement prévu mais évidemment nous suivons la situation avec beaucoup d'attention (...) et évidemment on continuera à prendre les mesures nécessaires, notamment dans certaines villes", a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, lundi matin sur Europe 1.


Un rebond à craindre à cause des fêtes 

Alors que la circulation du virus est repartie à la hausse en décembre, les fêtes de fin d'année font craindre un rebond plus net en janvier. Santé publique France a comptabilisé 96.743 cas positifs la semaine du 28 décembre, "en nette augmentation", et 28.830 personnes testées le 4 janvier, jour de la rentrée, se sont avérées positives, au plus haut depuis la mi-novembre, selon les données consolidées de la plateforme Geodes.

Dans les hôpitaux, la charge ne diminue pas, avec environ 24 526 malades atteints du Covid hospitalisés dimanche, dont 2.620 en réanimation, un niveau qui n'a pas sensiblement baissé depuis près d'un mois. La semaine dernière, le nombre de décès quotidiens a oscillé entre 150 à 380, portant le bilan total à 67.750 morts depuis le début de l'épidémie.

"La question de la fermeture des frontières" avec le Royaume-Uni

Autre inquiétude : à quel point la souche venant du Royaume-Uni s'est-elle installée en France ? Ce variant plus contagieux, appelé "VOC 202012/01", a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni. Face à l'apparition de premiers clusters dans l'Hexagone, une enquête nationale a été lancée, sous l'égide de Santé publique France, pour faire une "première cartographie" de la variante, en analysant tous les tests positifs de jeudi et vendredi derniers. 

Les résultats de cette "enquête flash" ne sont pas encore connus, a indiqué Arnaud Fontanet lundi. "C'est ce qui nous dira combien de semaines on a devant nous pour passer à des mesures extrêmement dures si ce variant était en train de vraiment exploser en population française, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui". "En milieu de semaine on saura quelle est la taille de l'ennemi et là il faudra prendre les mesures appropriées", a expliqué l'infectiologue, évoquant une "menace très sérieuse". Selon lui, "il est vraiment important de se poser la question de la fermeture des frontières" avec certains pays comme le Royaume-Uni. 

À ce stade, seulement trois clusters potentiels ont été recensés, à Bagneux, en région parisienne, à Marseille et en Bretagne. Une opération de dépistage massif qui démarre lundi à Roubaix (prévue depuis début décembre) va aussi constituer un point d'observation, à la fois sur la circulation du virus et de son variant britannique.