Réservée jusque là à certains publics prioritaires dont les résidents d'Ehpad ou les soignants, la vaccination est désormais accessible aux plus de 75 ans ne vivant pas en maison de retraite (5 millions de personnes). S'y ajoutent près de 800.000 personnes présentant des pathologies à "haut risque" (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement...).

Au total, 6,4 millions de personnes sont ainsi appelées à se faire vacciner. Mais le ministre de la Santé Olivier Véran a invité à la "patience", alors que les doses du précieux sérum n'arrivent que progressivement. Il a affirmé que "plus d'un million de vaccinations seront réalisées" d'ici fin janvier, entre 2,4 et 4 millions d'ici fin février.

En visite à Lyon samedi, Jean Castex a aussi reconnu que les plus de 75 ans ne pourraient pas être vaccinés "en quelques jours", et appelé à une vaccination "dans le calme". Les vaccinations "s'effectueront de manière progressive, au fur et à mesure que les 200 millions de doses de vaccin que la France a commandées ou pré-commandées arriveront sur le territoire national", a-t-il ajouté, en assurant que le défi sera "relevé".

Dans un pays aux tendances vaccino-sceptiques, un sondage Ifop cité par Le Parisien dimanche indique que 54% des Français souhaitent désormais se faire vacciner. C'est 15 points de plus qu'en décembre, note le quotidien.

Les demandes de rendez-vous, ouvertes en fin de semaine dernière ont été marquées par un afflux de demandes, avec plus d'un million de rendez-vous déjà pris, alors que 833 centres étaient "ouverts et accessibles à la réservation", selon Olivier Véran. Mais tous les seniors n'ont pas pu s'inscrire, générant quelques crispations.

Dans une France sous couvre-feu avancé à 18H00 depuis samedi et pour "au moins 15 jours" afin de limiter les contacts sociaux, le gouvernement table sur ces injections pour enrayer l'épidémie.

Celle-ci ne montre pas de signes de faiblesse, avec 2.766 malades en réanimation dimanche et 136 nouvelles admissions en 24 heures. Avec 141 morts comptabilisés dimanche, le bilan total des décès a atteint 70.283, selon Santé publique France.

Et la crainte d'un rebond s'amplifie avec la menace de nouveaux variants - britannique et sud-africain - plus contagieux. Un cas du variant sud-africain a été détecté à La Réunion, ont annoncé la préfecture et l'agence régionale de santé dimanche, alors qu'à Mayotte, 4 cas ont été recensés.

 

- "Poussée" probable -

Arnaud Fontanet, épidémiologiste membre du conseil scientifique, a prévenu dimanche qu'une "poussée" de l'épidémie était probable. "Malheureusement, par rapport aux variants, qui sont vraiment un changement dans la donne de cette épidémie, je n'ai pas d'argument rationnel pour vous dire qu'on ne va pas subir une progression de l'épidémie qui pourrait commencer en mars-avril", a-t-il expliqué.

Le Premier ministre Jean Castex a prévenu la semaine dernière qu'un nouveau confinement pourrait être décidé "sans délai" en cas de "dégradation épidémique forte". 

Après un démarrage laborieux, seules 422.127 personnes avaient reçu la précieuse première injection dimanche soir, le gouvernement continuant d'être la cible de critiques dans l'opposition et le monde médical.

"Au rythme actuel de livraison, il faudra plus de 4 mois et demi pour vacciner les seules personnes de plus de 75 ans", ont notamment raillé samedi les maires de Dijon et Besançon. 

La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a dénoncé de son côté dimanche un gouvernement "incapable de vacciner ceux qui le souhaitent".

"Il n'y a pas assez de vaccins pour tout le monde", a souligné Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France dans le Journal du dimanche. Prédisant "un faux début" lundi, il reproche au gouvernement de ne pas lancer une campagne de masse, mais "d'organiser des files d'attente!" 

Côté doses, après des sueurs froides liées à l'annonce d'une baisse de cadence "pour trois à quatre semaines", le groupe américain Pfizer, associé au laboratoire allemand BioNTech, a annoncé samedi un "plan" pour accélérer la production et revenir au calendrier initial de livraisons à l'UE "à partir de la semaine du 25 janvier".

Sous couvre-feu, les dérogations restent les mêmes qu'auparavant (déplacements professionnels, rendez-vous médical, motif impérieux...) mais les commerces, déjà durement éprouvés depuis près d'un an, doivent baisser le rideau à 18H00.

Une mesure qui n'aura sans doute pas d'impact "significatif" sur leurs chiffre d'affaires, a estimé dimanche le ministre des Petites et moyennes entreprises (PME) Alain Griset, tout en reconnaissant que cela pouvait être perçu comme "un coup de plus" et "toucher" le moral des entrepreneurs.