Après trois premières semaines consacrées aux résidents en Ehpad, la vaccination contre le Covid-19 s'élargit lundi 18 janvier à toutes les personnes âgées de plus de 75 ans, sur fond de craintes de pénurie et de critiques sur l'organisation.

En région parisienne, le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis s'est inquiété de livraisons qu'il juge insuffisantes, face à l'adhésion croissante des Français au vaccin anti-covid. "Il y a quelque chose d'ubuesque : l'engouement pour les vaccins sera freiné par le manque de doses actuellement.

Nous avons 50 doses pour chacun des 17 centres par jour. Les prises de rendez-vous sont pour l'instant interrompues, c'est ce qui me met en colère", a ainsi déploré Stéphane Troussel, à l'antenne de franceinfo.

"On ne fait pas de stocks cachés !"

Dans le Nord, même son de cloche, par la voix de la maire de Lille, Martine Aubry. "Je me suis tue sur les masques, les tests, mais là je voudrais qu'on nous dise la vérité. Ce que je pressens, c'est qu'il n'y a pas assez de vaccins. On a reçu 33 des 50 doses attendues ce matin", affirme t-elle, selon des propos rapportés par La Voix du Nord.

Face à ces inquiétudes, le gouvernement, Olivier Véran en tête, assume une stratégie de "flux de tendu". "On ne fait pas de stocks cachés! (...). A chaque fois que des doses arrivent, on les met immédiatement à disposition, on ouvre des créneaux de rendez-vous pour les Français. Nous sommes en flux tendu, c'est notre stratégie, c'est la stratégie de tous les pays qui vaccinent", a assuré le ministre de la Santé face aux caméras.

En réponse à certains élus qui jugent insuffisantes les livraisons de vaccins sur leurs territoires, Olivier Véran répond : "Nous avons donné dans chaque territoire le nombre précis de doses livrées cette semaine, la semaine prochaine, celle d'après et celle encore d'après, pour donner de la lisibilité et de la visibilité à toutes les équipes des centres de vaccination".

"Toutes les personnes qui ont ouvert des créneaux de rendez-vous pour dans trois semaines par exemple, savent et savaient par avance combien de doses de vaccin leur seraient livrées. Si la question c'est 'plus je programme de gens, plus on me donnera de vaccins au détriment des territoires voisins', la réponse est non", a-t-il insisté, mentionnant toutefois "une exception" pour "les territoires dans lesquels le virus circule le plus, notamment le Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté ou Nice et les Alpes Maritimes". "Nous avons donné davantage de vaccins avec le vaccin Moderna, parce que là-bas l'épidémie fait beaucoup plus de dégâts qu'à Grenoble ou ailleurs en France", a-t-il précisé.

La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Panier-Runnacher a elle indiqué que le retard de livraison de vaccins de Pfizer/BioNTech sera rattrapé "à la fin du 1er trimestre". "Nous rattraperons à la fin du 1er trimestre le retard de cette semaine. (...) Pfizer nous garantit quelque chose de quasiment indolore, mais nous serons vigilants", a ajouté la ministre, évoquant "un challenge (industriel) énorme" pour répondre à des commandes massives.

Vendredi, les deux laboratoires avaient annoncé de façon inopinée ne pas être en mesure de fournir la quantité de doses à laquelle ils s'étaient engagés, déclenchant le courroux des pays européens, déjà critiqués pour la lenteur de la campagne de vaccination.