60% de la population pourrait être affectée par d'éventuelles coupures programmées de l'électricité, et le gouvernement va adresser aux préfets une circulaire pour anticiper et préparer leurs départements. Les personnes vulnérables sont donc également concernées.

Comme l'a précisé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran ce jeudi 1er décembre sur BFMTV-RMC, ces personnes "potentiellement fragiles" seront "gérées individuellement pour éviter toute situation compliquée".

Selon une source gouvernementale, aucun des quelque 3.800 patients à haut risque dépendants d'un équipement médical à domicile branché sur le secteur ne sera délesté. Les agences régionales de santé (ARS) sont chargées de les recenser et de transmettre cette liste aux gestionnaires de distribution d'électricité, comme l'explique BFMTV, citant la circulaire. A partir de trois jours avant le délestage, ces patients seront prévenus par les gestionnaires, qui, eux, devront "s’assurer de leur information et de leur connaissance du signal EcoWatt rouge", indiquant une coupure inévitable, en fonction de la consommation sur les créneaux horaires les plus tendus, toujours selon nos confrères. Enedis "tiendra informées les ARS de toute situation particulière qui nécessiterait une prise en charge adaptée", les préfets devront s'assurer de "l’organisation des éventuels déplacements de ces personnes", cite encore BFMTV.

Outre ces patients, les préfets devront également "rappeler aux communes la nécessité de procéder à l’inscription des personnes vulnérables sur leurs registres de personnes fragiles" - les 65 ans et plus résidant à leur domicile, ou encore les personnes en situation de handicap. "Il vous appartiendra, en liaison avec les maires, de vous assurer que ces personnes auront connaissance du signal EcoWatt rouge à J-3 et, en cas d’équipement médical, que celui-ci ait une alimentation électrique autonome suffisante pour une coupure électrique supérieure à deux heures", explique la circulaire. Et si ce n'est pas le cas, ce sera aux secours de décider d'une évacuation préventive vers un établissement de santé, ou vers un autre site.

Pour les urgences, il sera recommandé de privilégier le 112. Une cartographie complexe des zones blanches où les antennes téléphoniques relais seraient coupées est en cours de réalisation.

Les délestages restent à ce stade une hypothèse

La circulaire, qui concerne le territoire métropolitain sauf la Corse, reliée à l'Italie et qui dispose de sa propre production électrique, sert à "finaliser la préparation du pays" même si des délestages tournants, de maximum deux heures, restent à ce stade une hypothèse, notamment en janvier si l'approvisionnement en électricité vient à poser problème. "On ne couperait que si le froid se confirme, qu'on a un problème de production ou d'interconnexion (avec les pays voisins) et si la consommation ne baisse pas", souligne-t-on de même source.

Les coupures auraient lieu aux moments des pics de consommation, entre 8h et 13h le matin, et entre 18h et 20h le soir. Avec comme inconvénient pour les écoles susceptibles d'être délestées qu'elles n'ouvrent pas le matin pour éviter d'être sans lumière, ni chauffage ni alarme.

Un signal EcoWatt rouge serait émis trois jours à l'avance, permettant de savoir ensuite avec un jour d'avance quels départements seraient concernés, puis de savoir à 17h la veille qui est concerné par les coupures en renseignant son adresse sur un site internet d'Enedis et de RTE, qui gèrent le réseau français de transport et de distribution de l'électricité : "L'idée est que personne ne soit surpris", souligne la source gouvernementale. Selon une autre source proche du dossier, il est demandé aux préfets de présenter des schémas de délestage permettant de réduire à 38% la consommation dans les zones concernées. La cellule interministérielle de crise travaille sur l'hypothèse que six à dix délestages seront nécessaires sur la période, et des délestages de deux heures touchant six millions de personnes en même temps. Elle travaille aussi sur un scénario de blackout mais sans y croire.

La France est exposée à des risques de coupures en particulier en raison d'un niveau de production d'électricité nucléaire au plus bas. La moitié de son parc de réacteurs est indisponible en raison de maintenances programmées mais parfois prolongées, ou de problèmes de corrosion.