Dans un contexte d'épreuves aménagées, synonyme pour certains de "bac factice" au terme d'une année perturbée par le Covid, la majorité des candidats semblaient plutôt détendus.

L'épreuve de philosophie donne depuis les années 70 le coup d'envoi du baccalauréat.

À 08H00, 525.760 élèves de lycées généraux et technologiques ont planché sur quatre sujets au choix, au lieu de trois. 

"Discuter, est-ce renoncer à la violence ?", "Sommes-nous responsables de l'avenir ?", explications d'un extrait de l'œuvre de Durkheim ou de Freud figurent parmi les sujets proposés.

"J'ai choisi une disserte (discuter, est-ce renoncer à la violence?) mais je n'ai pas trop trouvé de rapport avec les chapitres qu'on a étudiés, le temps, la religion, la science, la vérité", a regretté Roxane, 17 ans, en Terminale générale au lycée Hélène Boucher à Paris.

Mais elle se rassure: "J'ai un peu inventé et je m'en fichais parce que j'ai ma note de contrôle continu de 17,5/20".

L'enjeu de l'épreuve de philo s'est effectivement réduit cette année : c'est la meilleure note qui sera retenue, entre celle obtenue à l'épreuve et celle du contrôle continu, à condition d'avoir rendu sa copie, même blanche.

"Il me semblait indispensable que chacun travaille jusqu'au bout et que ce rituel important du bac soit maintenu le plus longtemps possible", a déclaré jeudi matin sur France Inter le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, en se défendant de tout "bac au rabais".

Pour réduire la pression après une année de Terminale chamboulée par le Covid, le contrôle continu représentera cette année au minimum 82% de la note finale des candidats au bac général et technologique, l'épreuve écrite de philosophie et celle du grand oral correspondant aux 18% restants.

- "Claquettes chaussettes"-

Devant les lycées jeudi matin, une partie des élèves avouaient une baisse du niveau d'inquiétude à la suite des aménagements annoncés par le ministère début mai.

"C'est un soulagement qu'on tienne compte du contrôle continu. Du coup, il n'y a pas de stress, on vient pour le plaisir", soulignait Jade, 17 ans, devant le lycée toulousain Saint-Sernin. 

Dans ce même établissement, Aurélien, 18 ans, qui a 10 au contrôle continu, s'en amuse et espère "peut-être avec un coup de chance avoir mieux".

Comme il est d'usage à chaque examen, les candidats étaient autorisés à quitter la salle de l'épreuve au bout d'une heure. Une règle qui semble avoir été suivie par de nombreux lycéens.

A Lille, devant le lycée César Baggio, dès 9h00, une nuée d'élèves sortait de l'écrit de philo. "On a fait semblant de travailler", lâche Naela, 19 ans, t-shirt jaune et cheveux peroxydés.

Dans le XXe arrondissement de Paris, devant le lycée Hélène Boucher, des élèves sont aussi venus en dilettante. Au bout d'une heure d'épreuve, Ryan, 18 ans a fait remarquer être carrément venu en "claquettes chaussettes", évoquant "un pari avec des amis".

"J'ai écrit un petit truc mais je sais que ma note sera celle du contrôle continu (14/20), c'est largement suffisant", selon ce lycéen en bermuda. 

Pour cette première édition du bac Blanquer, né de la réforme de juillet 2018, quelque 715.000 candidats aux bacs généraux, technologiques et professionnels vont tenter de décrocher le précieux diplôme.

Plus de la moitié (53,7%) présentent le bac général - qui se compose désormais d'un tronc commun de matières et d'enseignements de spécialités choisis à la carte -, 26,5% le professionnel et 19,8% le technologique.

Du côté des professeurs, certains regrettaient le maintien de l'épreuve de philo et la possibilité laissée aux élèves de rendre copie blanche.

"Les élèves vont venir jeudi pour faire simplement acte de présence", regrette Nicolas Franck, président de l'association des professeurs de philosophie de l'enseignement public (Appep), en dénonçant une "mascarade". 

Jeudi après-midi, plus de 535.639 candidats de Première passeront, eux, l'épreuve anticipée de français, avec un nombre de sujets doublés.

Les résultats du bac seront dévoilés le 6 juillet. Les rattrapages démarreront dès le lendemain et se tiendront jusqu'au 9 juillet. 

Depuis 2012, le taux de réussite au baccalauréat dépasse les 80%. L'an dernier, 95% des candidats au bac ont été reçus, un niveau record. Le nombre d'admis devrait être particulièrement élevé cette année encore.