Les leaders du Nouveau front populaire, qui en sont à leur cinquième jour de tractations, ne hasardent plus à promettre un nom d'ici la fin de semaine.

"Je préfère ne pas fixer de deadline" car "il peut y avoir plus de temps nécessaire pour la discussion", a admis Manuel Bompard sur TF1.

Le calendrier pourrait même s'étirer jusqu'au 18 juillet, quand les députés reviendront à l'Assemblée pour élire leur président, a indiqué le coordinateur de la France insoumise, pour qui Emmanuel Macron a "imposé à tout le monde (cette) date limite" car il aura "besoin de faire démissionner le gouvernement" sortant avant cette échéance.

En attendant, "ce n'est pas parce que la question du Premier ministre n'est pas tranchée que rien n'avance", a assuré Marine Tondelier sur BFMTV/RMC.

"C'est normal que ça prenne un peu de temps", a ajouté la cheffe des écologistes, tout en exposant des divergences au sein de l'alliance: "tout le monde revendique d'être le plus grand groupe", cela "montre que c'est pas un critère évident" pour le choix du futur Premier ministre.

"Ca coince" 

Or c'est bien sur la méthode que "ça coince", explique une source socialiste.

Selon cette source, les Insoumis campent sur la position "le plus grand groupe propose" et sont "arrivés en posant quatre noms sur la table": Manuel Bompard; la coprésidente de l’Institut La Boétie et députée du Val-de-Marne, Clémence Guetté; la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot; et surtout le fondateur du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, très contesté au sein des autres formations de gauche.

"Pour l'instant, les Insoumis ne veulent pas totalement se résoudre à laisser ce poste à un socialiste", reconnaît un proche des négociateurs.

"Le vrai sujet va devenir Faure ou Mélenchon", remarque un socialiste.

Un autre élu PS, proche des négociateurs, souligne que "dire qu'il y aura un Premier ministre insoumis, ça veut dire renoncer à gouverner. Dire +c'est Olivier Faure+, c'est mettre Emmanuel Macron dans l'embarras. On aura gagné une première bataille, car ils ne peuvent pas dire que c'est un fou furieux et refuser de le nommer".

La même source ajoute que le PCF soutient les socialistes, "et on attend que les Verts prennent position". "Mais ils ne veulent pas prendre position, c'est difficile en interne pour eux. Il faut qu'ils se décident, la clé est chez eux".

Le Nouveau Front populaire persiste donc à s'estimer vainqueur des législatives, bien qu'avec 195 députés il lui manque une centaine de sièges pour atteindre la majorité absolue.

Réunion à l'Elysée 

Cette situation l'expose à un risque immédiat de censure s'il parvient à former un gouvernement. La patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, a d'ailleurs prévenu que son parti "censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles".

Menace également proférée par plusieurs responsables du bloc central, à commencer par Gabriel Attal, qui s'est engagé vendredi à "protéger les Français de tout gouvernement qui compterait des ministres issus du RN ou de LFI", dans sa profession de foi pour la présidence du groupe Renaissance à l'Assemblée.

Le Premier ministre est l'unique candidat à ce vote prévu samedi matin. "Je pourrai siéger sur vos bancs dès lors que le Président de la République aura accepté ma démission et qu'avec mon Gouvernement, nous expédierons les affaires courantes", a-t-il indiqué à ses collègues. Une hypothèse probable dans les prochains jours.

En attendant, Emmanuel Macron, à peine rentré d'un sommet de l'Otan à Washington, a reçu à l'Elysée plusieurs ténors du groupe, parmi lesquels M. Attal, Stéphane Séjourné, Yaël Braun-Pivet mais aussi Gérald Darmanin et Elisabeth Borne. 

Le chef de l'Etat continue de plaider pour que "les forces républicaines" puissent "bâtir des compromis", quitte à leur laisser "un peu de temps", voire enjamber les Jeux olympiques.

Ce que conteste évidemment la gauche. "On peut pas passer tout l'été à attendre", a soupiré Marine Tondelier, jugeant que "le gouvernement Attal n'a plus de légitimité".

"Aucune solution n'est satisfaisante, à part au mieux une sorte de gouvernement technique sans étiquette politique", a pour sa part estimé le vice-président du RN, Sébastien Chenu, accusant sur RMC Emmanuel Macron d'avoir "réussi à bloquer les institutions de la cinquième république".