C'est bien lui qui est accusé d'avoir fourni les armes utilisées par Amédy Coulibaly lors du meurtre de Clarissa Jean-Philippe et de l'attentat de l'Hyper Cacher, en janvier 2015.

Pourtant, le trafiquant Claude Hermant, figure de l'extrême droite, a estimé jeudi 1er octobre que les services de police le surveillant auraient pu empêcher les attentats.

"C'est un énorme loupé, que les choses soient claires. Il n'y a pas une nuit où je n'y pense pas", a assuré devant la cour d'assises de Paris Claude Hermant, crâne rasé et silhouette massive, au 22e jour du procès des attentats de janvier 2015. "Ces armes étaient facilement tracées, les services (de police) étaient dessus. Je ne comprends pas comment ces attentats n'ont pas pu être arrêtés", a ajouté ce quinquagénaire à la barbe poivre et sel, ancien militaire et ex-indicateur des douanes et de la gendarmerie.

Figure de la mouvance identitaire lilloise, Claude Hermant est accusé d'avoir acheté à une société slovaque huit des armes retrouvées en possession d'Amédy Coulibaly, dont les fusils d'assaut et des pistolets automatiques Tokarev, via sa société Seth Outdoor. Ces armes à feu, achetées démilitarisées, ont été stockées dans la chambre froide d'une baraque à frites appartenant à sa compagne. Selon les enquêteurs, elles ont été remises en état de marche puis revendues aux proches de Coulibaly, via un circuit sur lequel persistent des zones d'ombre.

"Les huit armes sont bien passées entre mes mains et celles de mon épouse, mais nous ne les avons pas remilitarisées", a assuré à la barre Claude Hermant, entendu comme témoin par la cour d'assises, sans indiquer qui les aurait "déneutralisées". Malgré sa mise en cause dans ce dossier, Claude Hermant ne comparaît pas sur les bancs des accusés : il a été condamné dans le cadre d'une procédure disjointe, portant sur un trafic d'armes plus large, à huit ans de prison et 30.000 euros d'amende.

Une absence regrettée par les avocats de la défense et des parties civiles, mais jugée normale par le trafiquant qui assure avoir participé à ce trafic d'armes dans le cadre d'une mission d'"infiltration" pour les services de gendarmerie.

"J'ai été surveillé 14 mois par quatre services de police différents, avec bornages, géolocalisation, filatures... Soit je suis très très bon, soit ils sont très très cons", s'est-il emporté, niant toute responsabilité dans l'affaire. "Il fallait trouver des coupables et des fusibles, il y en a un devant vous", a-t-il conclu.