La deuxième semaine du procès de la collision de Millas (Pyrénées orientales) a débuté lundi 26 septembre sans Nadine Oliveira, 53 ans. Victime d'un infarctus, en pleine audience la semaine dernière, elle devait encore passer des examens médicaux, selon ses avocats. 

Jugée pour homicides et blessures involontaires, la prévenue s'était effondrée en larmes jeudi lors d'un interrogatoire destiné à savoir si elle avait vu ou non les barrières baissées au passage à niveau où s'est produit l'accident. Celui-ci a coûté la vie à six collégiens et en a blessé 17 autres dont certains très grièvement. Les experts et certains témoins, notamment une jeune fille assise juste derrière elle dans le car, soutiennent qu'elle est passée malgré les barrières baissées, ce qu'elle a toujours nié.

"Une femme très affaiblie" 

Prise en charge par les marins-pompiers jeudi, Nadine Oliveira a été hospitalisée en cardiologie. "J'ai vu Nadine Oliveira hier (dimanche) après-midi vers 16h00 à l'hôpital Marseille Nord et j'ai appris qu'elle allait aujourd'hui bénéficier de nouveaux examens, notamment du foie puisque, vous le savez, elle a été victime d'un infarctus", a détaillé l'un de ses avocats, Me Jean Codognès, en réponse aux questions de la présidente du tribunal sur l'état de santé de sa cliente.

En l'absence de la prévenue, le procès peut théoriquement continuer, ses avocats la représentant. "J'ai trouvé une femme très affaiblie", a-t-il ajouté, précisant que sa cliente était hospitalisée en soins intensifs dans le service de cardiologie. Interrogé sur son souhait de voir ou non l'audience se poursuivre en l'absence de sa cliente, un second conseil de la conductrice, Me Louis Fagniez, a indiqué que la défense n'était "pas satisfaite de la fin d'audience de jeudi dernier". 

"Vous avez tenu des propos qui font craindre à la défense un manque d'impartialité", a-t-il lancé à la présidente du tribunal, Céline Ballerini. A tel point qu'"une requête en récusation" a été déposée contre la magistrate. Cette requête est déposée "quand on considère qu'un magistrat ou le tribunal manquent d'impartialité, c'est le premier président de la cour d'appel qui est saisi et doit indiquer si oui ou non, le magistrat visé" a fait preuve de partialité, a expliqué Céline Ballerini.

Les parties civiles en colère

Le procès a été suspendu jusqu'à 14h30 (lundi) afin d'examiner cette requête, qualifiée par le procureur de "dérapage de la part de la défense". Un dérapage "regrettable, qui confond humanité et partialité, c'est complètement déplacé, ils veulent confisquer le procès", a poursuivi Michel Sastre, notant qu'une telle requête n'était pas quelque chose "d'anodin".

"C'est irrecevable, c'est impensable et c'est scandaleux", a réagi pour sa part Sylvain Sede, le père d'un adolescent blessé dans l'accident. "Je pense qu'il faut qu'on puisse aller jusqu'au bout" du procès pour "tourner la page", même si l'audience se poursuit en l'absence de Nadine Oliveira, a-t-il estimé, alors que de nouveaux témoignages des parties civiles, parents et adolescents, sont prévus mardi et mercredi.

"Un sentiment de dégoût" 

Stéphan Mathieu, père d'une adolescente décédée dans l'accident, a exprimé pour sa part "un sentiment de dégoût" à la suite du dépôt de la requête en récusation, destiné selon lui à "gagner du temps". "On attend ce procès depuis cinq ans, les faits qui sont reprochés à la présidente ne sont pas confirmés par son attitude parce que c'est une personne qui est très humaine", a-t-il complété. "Il ne faut surtout pas que (le procès) soit reporté durablement parce que nous on en a ras-le-bol, on veut que ça se termine rapidement", a ajouté Stéphan Mathieu.

Pour lui, la prévenue doit participer à la suite des débats, au moins en visioconférence, comme suggéré par la présidente du tribunal. "C'est important pour notre suite à nous, pour notre vie, on est quand même meurtri par ce drame et au nom des enfants, blessés ou décédés, il faut qu'elle soit présente, qu'elle entende ce qu'on a à dire", a-t-il complété.