Les locaux du siège français du cabinet de conseil McKinsey, situé avenue des Champs-Élysées à Paris, ont fait l'objet de perquisitions mardi 24 mai, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée, a indiqué le parquet national financier (PNF).

Cette enquête fait suite au rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Les entités françaises du cabinet McKinsey y étaient accusées d'avoir mis en place un montage fiscal leur permettant de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

Fin mars, le cabinet McKinsey avait réaffirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu'une de ses filiales avait payé l'impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l'accuse d'optimisation fiscale.

"Toutes les entités de McKinsey en France sont assujetties à l'impôt sur les sociétés. Ainsi, sur la même période (2011-2020, NDLR), sa filiale de mise en œuvre a payé 6 ans l'impôt sur les sociétés", indique le cabinet dans un communiqué transmis à l'AFP, sans préciser le nombre d'entités exerçant en France, ni le montant de l'impôt payé ni encore les missions de la filiale concernée.
Le cabinet entendait à l'époque répondre ainsi à la "polémique sur sa contribution fiscale", dit-il, après l'annonce par le Sénat d'une procédure judiciaire pour suspicion de faux témoignage de Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public, qui avait assuré mi-janvier que le cabinet payait bien l'impôt sur les sociétés en France.

"Or, l'enquête des sénateurs atteste que le cabinet McKinsey n'a pas payé d'impôts sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans", relève la Commission d'enquête, qui a qualifié le recours par l'Etat aux cabinets de conseil de "phénomène tentaculaire" dans son rapport.  Malgré un chiffre d'affaires de "329 millions d'euros sur le territoire national" en 2020, le cabinet n'aurait versé aucun impôt sur les sociétés de 2011 à 2020, ajoutent les sénateurs, pointant du doigt "un exemple caricatural d'optimisation fiscale".

Ils soupçonnent les entités françaises du cabinet d'avoir versé chaque année d'importants "prix de transfert" à leur maison mère implantée aux Etats-Unis, "ce qui conduit à minorer leur résultat fiscal, et par suite le montant de leur imposition".