La journée a débuté sous le signe des embouteillages vendredi, alors que le trafic est  "extrêmement perturbé" selon la RATP avec dix lignes de métro fermées, très peu de RER et un bus sur trois en moyenne, pour la première grande offensive syndicale contre la réforme des retraites.

Des quais fermés ou bondés, et près de 200 km de bouchons sur les routes: une rude journée en perspective pour les franciliens. 

Dié Sokhonadu, 25 ans, attend en vain sur la ligne 12, où aucun métro ne circule, pour rejoindre son chantier à la cathédrale Notre-Dame: "Si le métro n'ouvre pas je vais devoir rentrer chez moi".

Devant la station La Chapelle, Suya, une femme de ménage de 45 ans attend son "son chef" qui exceptionnellement viendra la chercher en voiture pour l'amener au cabinet d'avocat de l'ouest parisien où elle doit avoir fini avant 8h30. "Je ne sais pas comment je vais rentrer ensuite", lâche-t-elle dans un sourire.

La journée marque la plus forte mobilisation à la RATP depuis douze ans. La grève du 18 octobre 2007 visait déjà une réforme des régimes spéciaux de retraite, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Facteur aggravant, à l'époque, la SNCF était également en grève.

Ce vendredi, aucun métro ne circule sur les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 10, 11, 12 et 13. Sur les lignes 4 et 7, on pourra compter sur un métro sur trois, mais "uniquement en heures de pointe". Des stations seront fermées, comme Montparnasse, Opéra ou Gare de l'Est.

Un métro sur trois aux heures de pointe est prévu sur la ligne 8, ouverte partiellement, un sur quatre aux mêmes heures sur la ligne 9, également ouverte seulement en partie.

Pour les lignes automatiques 1 et 14 du métro, le trafic sera normal mais "avec risque de saturation". Après 20h, seules la 1 et la 14 fonctionneront.

Dans le RER, le trafic sera "très fortement perturbé", avec un RER A sur trois et un RER B sur cinq (avec interconnexion interrompue avec la SNCF en gare du Nord) uniquement aux heures de pointe.

Sur la partie nord du RER B (à partir de Gare du Nord), gérée par la SNCF, on pourra compter "un train sur deux toute la journée".

La RATP "présente ses excuses aux voyageurs" et assure que près de 1.000 agents sont déployés sur le terrain pour assurer la sécurité et informer.

Le trafic reprendra normalement samedi à 5h30.

- Premier coup de semonce sur les retraites -

Pour les syndicats qui ont appelé à la mobilisation, dont les trois organisations représentatives, Unsa, CGT et CFE-CGC, il s'agit du "premier coup de semonce" contre la réforme des retraites et pour le maintien du régime spécial des agents de la régie des transports parisiens.

Les régimes spéciaux sont appelés à disparaître avec la mise en place du système universel de retraite par points voulu par le président Emmanuel Macron. D'autres catégories et syndicats vont défiler tout au long du mois de septembre: avocats, médecins, ou encore hôtesses et pilotes lundi prochain, personnels d'EDF jeudi, avant une mobilisation nationale de FO le 21 et de la CGT le 24 septembre.

La Cour des comptes avait pointé dans un rapport en juillet dernier le coût des régimes spéciaux pour la collectivité: "les cotisations des salariés et des entreprises ne représentent que 36% du financement des retraites à la SNCF, 41% à la RATP et 68% pour les industries électriques et gazières", soulignait-elle.

Le régime de la RATP prend en compte pour le calcul des retraites les six derniers mois de salaire. En 2017, l'âge moyen de départ à la retraite était de 55,7 ans à la RATP, contre 63 ans pour les retraités du régime général, selon la Cour des comptes.

Les syndicats soulignent que ce régime tient compte des "contraintes spécifiques" et des "pénibilités liées à (leur) mission de service public".