Qui vacciner en priorité contre le Covid-19 ? La Haute autorité de Santé (HAS) a présenté lundi 30 novembre ses recommandations pour la stratégie vaccinale de la France. Selon la HAS, "compte tenu du nombre limité de doses qui seront disponibles au démarrage de la campagne de vaccination", les personnes âgées résidant en Ehpad doivent être vaccinées en priorité "à l'arrivée des toutes premières doses" de vaccin.

Pour la future campagne de vaccination, l'autorité sanitaire définit "cinq phases progressives" avec une ligne directrice : "protéger en priorité les plus vulnérables et ceux qui s'en occupent", a expliqué sa présidente Dominique Le Guludec au cours d'un point presse en ligne.

En plus de résidents des Ehpad ("de l'ordre de 750.000 personnes visées"), sont également concernés, par la première phase de vaccination, les salariés de ces établissements "qui présentent eux-mêmes un risque de forme grave (professionnels de plus de 65 ans et/ou avec comorbidité(s))", soit 90.000 à 100.000 personnes, précise la HAS. Ces recommandations "seront à actualiser et à adapter en fonction des données sur chaque vaccin, de leur disponibilité effective et des tensions éventuelles sur l'approvisionnement".

La deuxième phase devrait concerner l'ensemble des personnes âgées, en commençant par "les personnes ayant plus de 75 ans, puis les personnes de 65 à 74 ans ayant une comorbidité, puis les autres personnes de 65-74 ans", ainsi que les "professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire, en priorisant les professionnels âgés de plus de 50 ans" ou présentant un facteur de risque de forme grave.

Dans une troisième phase, suivraient "l'ensemble des personnes de plus de 50 ans ou de moins de 50 ans mais à risque de forme grave du fait de leurs comorbidités" ainsi que "l'ensemble des professionnels du secteur de la santé et du médico-social" et les "professionnels issus des secteurs indispensables au fonctionnement du pays" (sécurité ou éducation par exemple).

La HAS recommande d'élargir dans un quatrième temps aux "professionnels dont l'environnement de travail favorise une infection (contacts réguliers du public, milieu clos...)" et aux "personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic moins favorable en cas d'infection par la Covid-19 (résident en hôpital psychiatrique, sans domicile fixe, détenus...)". Enfin, dans une cinquième et dernière phase, "sous réserve que les allocations de doses vaccinales auront été suffisantes pour vacciner chacune des populations prioritaires, la vaccination des personnes de plus de 18 ans et sans comorbidité pourrait alors être initiée".

La campagne de vaccination doit démarrer fin 2020-début 2021 pour les publics prioritaires, avant d'être plus massive dans un deuxième temps. Non obligatoire, la vaccination s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie du gouvernement "tester, alerter, protéger (et) soigner". L'enjeu sera de convaincre les Français alors qu'ils sont seulement 41% à avoir l'intention de se faire vacciner contre le Covid-19, d'après un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, publié dimanche et réalisé sur un échantillon de 1.013 personnes.

La perspective d'un vaccin protégeant contre le Covid-19 s'est concrétisée ces dernières semaines avec une pluie d'annonces de laboratoires sur l'efficacité de leur vaccin : Pfizer et BioNTech, suivis par Moderna et AstraZeneca/Université d'Oxford. Au niveau européen, "tous les pays membres de l'Union auront accès à un vaccin en même temps, dès qu'il aura été approuvé", a souligné la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides. "Personne ne sera laissé de côté. La répartition des doses se fera au prorata de la population de chacun des pays membres", a-t-elle rappelé dans un entretien au JDD, une fois obtenu le feu vert de l'Agence européenne du médicament (EMA) sur un ou plusieurs vaccins.