Alors que triomphe à New York la grande exposition Basquiat, venue de Paris, une galerie de la ville d'origine du peintre rend hommage à son utilisation intensive du photocopieur et du collage tout au long de son oeuvre.

"Jean-Michel Basquiat / Xerox", à la galerie Nahmad Contemporary, montre que dès ses premières tentatives de transition du monde de la rue et du graffiti vers celui de l'art contemporain, l'artiste a intégré la machine dans son processus créatif.

Les fameuses cartes postales qu'il vendait dans la rue dès 1979 et qui ont été son premier point de contact avec Andy Warhol étaient ainsi des photocopies couleur de collages qui intégraient peinture, texte et objets ramassés dans la rue.

Plus tard, lorsqu'il s'est mis aux grands supports, la photocopie a été un moyen pour lui de densifier ses oeuvres, en usant de collages couverts de petits dessins, de phrases et de noms, comme le montrent plusieurs pièces exposées à partir de mardi et jusqu'au 31 mai.

La version new-yorkaise de l'exposition de la fondation Louis Vuitton, présentée, elle, à la Brant Foundation, affiche complet jusqu'à sa conclusion, le 15 mai.

Il faut souvent s'approcher de l'oeuvre pour saisir ces détails, passée la puissante impression générale que procurent souvent les tableaux de Basquiat.

L'artiste de Brooklyn a beaucoup joué de la répétition grâce à ces photocopies.

Répétition sur une même oeuvre, à la manière d'un Warhol, en étalant l'infinité de la société de consommation, mais sans la magnifier comme le faisait le pape du pop art.

Répétition sur plusieurs travaux, en interconnectant ses oeuvres autour de ses thèmes favoris comme le racisme, les grandes figures noires ou l'anatomie.

"Il utilisait son Xerox comme une arme", explique le conservateur de l'exposition, Dieter Buchhart, qui a également collaboré à celle de la Fondation Vuitton ainsi qu'à "Basquiat: Boom for Real", au Barbican de Londres en 2017.

A partir de 1983, la photocopie prendra une telle importance dans la conception de ses tableaux qu'il finira par s'acheter un photocopieur Xerox et l'installer dans son studio de Manhattan.

Selon Dieter Buchhart, bien que la machine ait été un instrument fondamental de son art, Basquiat n'a jamais eu de relation officielle avec Xerox, qui n'a pas non plus cherché à établir le contact.

A contrepied de la peinture abstraite très épurée de Cy Twombly ou Mark Rothko, Jean-Michel Basquiat voulait que la complexité soit apparente.

"J'apprends tous les jours en regardant ces oeuvres", assure Dieter Buchhart.