Kaung Khant Lin, joueur de football amateur et infirme, avec une seule jambe valide,  pivote avec une incroyable agilité sur sa béquille avant de tirer du pied gauche.

Fan de Lionel Messi et de Manchester United, l'adolescent birman de 16 ans est né avec une jambe droite atrophiée. Mais son handicap est hautement symbolique dans un pays meurtri par les mines anti-personnelles.

"Chaque fois que je joue au football, j'oublie qui je suis et je joue comme une personne normale", raconte à l'AFP Kaung Khant Lin, le seul à être handicapé dans son équipe de la banlieue de Yangon.

Il a commencé à taper dans la balle à l'âge de cinq ans, se déplaçant à l'aide d'une béquille en bois fabriquée par son oncle.

Aujourd'hui "personne ne peut me doubler. Mais il est difficile de me défendre contre les coups francs, car je suis petit", soupire le joueur dont les deux buts ont permis en janvier à son équipe de remporter un tournoi local.

Kaung Khant Lin joue du matin au soir, oubliant parfois même de manger.

Son père, Soe Min Htun, un peintre et décorateur de 41 ans, ne peut se faire à le regarder sur le terrain par peur "de le voir se blesser".

Il souhaite que son fils aille à l'université. Kaung Khant Lin se rêve, lui, en entraîneur de foot.

En Birmanie, près d'une personne sur 50 souffre d'un handicap pour se déplacer.

Beaucoup ont été victimes de mines anti-personnelles, un fléau dans le pays: elles ont tué ou blessé plus de 4.000 personnes de 1999 à 2017, selon le dernier rapport de l'Observatoire des mines qui souligne que le chiffre doit être en réalité bien plus élevé.

Et les personnes handicapées font face à une rude discrimination: 85% sont au chômage, relève Thin Thin Htet de la fondation birmane Shwe Minn Tha, qui défend leurs droits.