Un an après le début de la crise du Covid-19, CNN a dévoilé mardi 1er décembre un rapport de 117 pages rédigé par le centre de contrôle et de prévention du Hubei et transmis à la chaîne d'information américaine par un lanceur d'alerte qui met l'accent sur la mauvaise gestion des débuts de la crise par les autorités chinoises. Des "Wuhan Files", du nom du berceau du virus, relayés en France par France InterLibérationCourrier International et Le Monde

Ces documents, qui couvrent une période allant d'octobre 2019 à avril 2020 et vérifiés par plusieurs experts, révèlent tout d'abord que les autorités régionales ont passé sous silence le fait qu'en décembre 2019, plusieurs villes de la province du Hubei, dont Wuhan, enregistraient un nombre de grippes jusqu'à vingt fois supérieur à celui de l'année précédente. Les premiers cas remontaient à octobre 2019.

CNN rappelle qu'aucun lien n'est établi entre ces cas de grippe et le coronavirus, mais selon un expert cité par la chaine, le pic de grippe a peut-être accéléré l'étendue du Covid-19. "Les gens se rendaient dans les hôpitaux pour chercher de l'aide pour la grippe, augmentant les risques d'infection à la Covid-19". 

Des chiffres sous-évalués et des diagnostics très longs


Ces dossiers révèlent également que les chiffres ont été sous-évalués. En effet, le 10 février, les autorités chinoises signalaient 2.478 nouveaux cas de coronavirus confirmés. Or, le même jour, les autorités du Hubei en signalaient 5.918 - en cumulant les cas confirmés, les cas "diagnostiqués cliniquement" et les "cas suspects". Un autre rapport rend compte des décès de six membres du personnel médical au 10 février 2020 qui n'ont pas été rendus publics.

Les "Wuhan Files" indiquent par ailleurs que le temps moyen entre l'apparition des symptômes du coronavirus et laconfirmation du diagnostic par le système médical était de 23,3 jours. Ce qui a considérablement entravé les moyens d'éradiquer le virus, selon les experts. 

Enfin, ces documents laissent transparaître "un système de santé inflexible, contraint par la bureaucratie et les procédures rigides, sous-équipé pour faire face à une crise émergente". "Un manque énorme de personnel et de financements a sérieusement affecté les performances du système de santé publique", souligne notamment un audit d'octobre 2019.