Car le "cambriolage" raté qu'il venait de découvrir allait dévoiler une retentissante affaire d'Etat : cinq hommes avaient été chargés par des responsables ayant des liens avec la Maison Blanche d'installer des micros et de prendre des photos de documents internes à la recherche d'informations compromettantes sur les opposants de M. Nixon.

Deux ans plus tard et pour la première fois de l'histoire du pays, le président républicain, accusé d'avoir tenté d'étouffer l'affaire, était contraint de démissionner pour éviter l'humiliation d'une destitution.

- "Trouvé scotch sur porte" -

Cette nuit-là du 16 au 17 juin, Frank Wills, gardien de 24 ans, fait sa tournée dans les couloirs du Watergate, bâtiment cossu de la capitale, quand il remarque que du scotch a été apposé sur la serrure d'une porte du sous-sol, l'empêchant de se verrouiller. 

Au début, il ne s'inquiète pas. Il enlève le scotch, le met dans sa poche et reprend sa ronde.

Mais à son retour, du scotch est de nouveau là. Cette fois, il soupçonne un cambriolage. Frank Wills - qui joue son propre rôle, pendant quelques secondes, au tout début des "Hommes du président", le film sur l'affaire avec Robert Redford et Dustin Hoffman - appelle aussitôt la police. 

"Trouvé scotch sur porte; (ai) appelé police pour faire inspection", écrit-il sur le registre du Watergate, conservé aux Archives nationales.

Des policiers arrivent sur les lieux "en une minute, une minute et demie", a raconté l'un d'eux, John Barrett, dans une émission de 2017 sur ABC News.

Avec son confrère Paul Leeper, ils sont habillés en civil, et même un peu débraillés.

Cela joue certainement en leur faveur: Alfred Baldwin, l'homme censé faire la sentinelle pour les cinq visiteurs du soir, ne semble pas les remarquer tout de suite. 

Peut-être son attention est-elle captée par le film d'horreur diffusé à la télévision en même temps qu'il doit monter la garde, "Attack of the puppet people" ("La Révolte des poupées").