Déjà victime de plusieurs accidents vasculaires cérébraux ces dernières années, Alain Barrière en a subi un autre avant le décès de sa femme début décembre. Il est mort mercredi soir à Carnac (Morbihan), des suites d'un arrêt cardiaque, a précisé M. Lecoeuvre.

Le chanteur avait dû renoncer à la scène en 2011 (il devait notamment passer au Palais des Congrès de Paris) après deux AVC. Depuis, affaibli, il luttait contre la maladie.

Servi par une voix charmeuse aux résonances profondes et un sourire à la Cary Grant, il interpréta des chansons aux mélodies agréables, mélanges de poésie aux mots simples et de révolte romantique, fredonnées, pour quelques-unes, de génération en génération.

Promu vedette en 1964 après "Ma vie", une complainte tourmentée qui reste son titre le plus célèbre, le chanteur populaire connaît rapidement un passage à vide et tentera jusqu'à la fin des années 1980 plusieurs retours.

Durant vingt ans, Alain Barrière a été poursuivi par de lourdes difficultés financières, après la construction coûteuse d'un complexe hôtelier-discothèque à Carnac, le "Stirwen" ("étoile blanche"), déclaré en faillite.

Écrasé par les dettes, révolté par les rappels d'impôts, le chanteur, dépressif, déclarait en 1989: "J'ai vécu l'enfer. Ils ont foutu ma carrière en l'air. Ou je règle le problème avec le fisc ou je me fous en l'air". Cette bataille homérique a trouvé son épilogue en 1998.

Après des exils successifs aux Etats-unis et au Canada, il n'était revenu définitivement en France que dans les années 90, où il avait tenté de se relancer.

- Retour avorté -

Alain Barrière, de son vrai nom Bellec, était né le 18 novembre 1935 à La Trinité-sur-Mer (Morbihan), dans une famille de mareyeurs bretons. Ingénieur diplômé des Arts et métiers en 1955, il travaille un an chez Kléber-Colombes, avant de préférer la guitare et la poésie.

Au début des années 60, le patron de l'Olympia, Bruno Coquatrix, le remarque à un concours de chanson où il apparaît avec un pseudo, Alain Barrière. Sa carrière explose en 1963, avec "Elle était si jolie", qui représente la France au concours de l'Eurovision. L'année suivante, paraît son premier album, "Ma vie", et il passe en vedette à l'Olympia.

Jusqu'en 1969, tubes ("La Marie-Joconde", "Rien qu'un homme", "Les Guinguettes"), disques ("Toi" en 1966, "A regarder la mer" en 1969) et tournées s'enchaînent.

Mais Alain Barrière, têtu et peu maniable, agacé par le show-biz, crée sa propre maison de production et achète un vieux moulin dans les environs de Mantes (Yvelines) où il vivra en retrait pendant quelques années.

Il retrouve toutefois un temps le succès avec "Tu t'en vas" (1975), interprétée en duo avec Noëlle Cordier qui se vend à un million d'exemplaires. 

Dénonçant le harcèlement du fisc, il part s'installer en 1977 à Los Angeles avec sa famille, revient en France en 1981, enregistre deux albums qui n'ont pas le succès escompté, s'exile à nouveau au Québec.

Rentré en France, il publie en 1998 simultanément deux albums, l'un consacré à ses grands succès ("30 années en chansons, ma vie"), l'autre de nouveautés ("Barrière 97").

Retiré dans sa Bretagne natale, il publie en 2006 son autobiographie, "Ma Vie", et retrouve l'Olympia en 2007. En 2010, paraît un "best of", avec 53 titres. Mais ces tentatives de retour sont brisées net l'année suivant par ses ennuis de santé.