M. Macron doit arriver mardi soir à Jérusalem, où sont aussi attendus le président russe Vladimir Poutine et le vice-président américain Mike Pence. Il rencontrera mercredi matin le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Emmanuel Macron s'entretiendra ensuite avec le président Reuven Rivlin et Benny Gantz, ancien chef de l'armée et grand rival électoral de M. Netanyahu, afin de rester neutre dans l'optique des législatives de mars en Israël.

M. Macron se rendra aussi en fin d'après-midi à Ramallah, en Cisjordanie, pour y rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et montrer ainsi que la France maintient sa position d'une solution à "deux Etats" --soit un Etat palestinien viable aux côtés d'Israël.

Paris a d'ailleurs fustigé la semaine dernière la "politique du fait accompli" du gouvernement israélien qui a intensifié ces dernières années le développement des colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, où vivent actuellement 600.000 colons auprès d'environ trois millions de Palestiniens.

Emmanuel Macron ne parle plus cependant de proposer un plan de paix alors que les Etats-Unis n'ont toujours pas entièrement présenté le leur.

- Lutte contre l'antisémitisme -

 

Auparavant, le chef de l'Etat français marchera quelques minutes dans Jérusalem-Est pour aller visiter Saint-Anne, église du XIIe siècle détenue par la France, en compagnie de représentants des communautés chrétiennes, avec qui il déjeunera.

C'est là qu'en 1996 le président Jacques Chirac avait refusé d'entrer tant que des soldats israéliens qui l'accompagnaient n'en étaient pas sortis. Benjamin Netanyahu, alors déjà Premier ministre, lui avait ensuite présenté des excuses.

Mercredi soir, le président français retrouvera les représentants d'une quarantaine de pays lors d'un dîner officiel pour marquer le 75e anniversaire de la libération --par l'armée soviétique-- du camp nazi d'Auschwitz-Birkenau.

Jeudi, M. Macron rendra hommage aux Juifs déportés depuis la France, en se rendant au mémorial de la déportation des Juifs de France, à Roglit, à l'ouest de Jérusalem, site inauguré en 1981 à l'initiative de Serge et Beate Klarsfeld --le couple fait partie de l'importante délégation qui accompagne le président français.

Sur ce lieu où sont plantés 80.000 arbres, il discutera avec cinq lycéens français et cinq rescapés qui, enfants, avaient été cachés en France pendant la guerre.

Avant de participer à la cérémonie sur la libération d'Auschwitz au mémorial de Yad Vashem, le chef de l'Etat s'adressera à la communauté française d'Israël, surtout sur la lutte contre l'antisémitisme, a souligné l'Elysée, alors que la communauté juive française est inquiète d'une montée d'actes antisémites dans l'Hexagone.

Pour marquer l'engagement de son gouvernement, il sera accompagné du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

- Critiques -

Le mois dernier, M. Macron a appuyé le vote par l'Assemblée nationale d'une résolution non contraignante qui associe l'antisionisme à une forme d'antisémitisme.

Ce texte, critiqué par une partie des députés de la majorité et de l'opposition, ainsi que par des intellectuels juifs, répond à une promesse annoncée devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en février 2019. 

"L'antisionisme est la forme réinventée de l'antisémitisme" avait-il d'ailleurs déclaré en recevant Benjamin Netanyahu à Paris en 2017 pour commémorer la rafle du Vel d'Hiv, arrestation massive de juifs par la police française en 1942.

Le vote de cette résolution a été applaudie par Israël mais les Israéliens restent très critiques envers Emmanuel Macron, tant en raison du regain d'actes antisémites en France que pour ses tentatives de médiation entre le président américain Donald Trump et l'Iran, que l'Etat hébreu accuse de chercher à se doter de l'arme nucléaire.

La République islamique, qu'Israël considère comme son pire ennemi, sera inévitablement au centre des discussions à Jérusalem, alors que le contexte régional reste tendu depuis la mort, dans une frappe américaine le 3 janvier à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani.

Un sondage Ifop pour la chaîne I24News, basée à Tel-Aviv, montre que pour 66% des Israéliens, le gouvernement français n'agit pas efficacement contre l'antisémitisme et que pour 60% d'entre eux, les Français de confession ou de culture juive ne sont pas en sécurité en France.

Par ailleurs, seuls 28% des Israéliens estiment que le gouvernement français mène une politique favorable à Israël et 36% seulement ont une bonne opinion d'Emmanuel Macron, contre 57% pour Donald Trump.