24 août 2015
Le Parisien, qui vient de lancer coup sur coup une application dédiée à l'actualité en Ile-de-France puis une seconde consacrée au football francilien, valorise ses infos locales avec de nouveaux services pour mobile payants et géolocalisés, une initiative originale dans la presse locale.
Baptisée "Le Parisien foot", l'application propose les calendriers, les résultats, les faits marquants et les classements des quatre équipes franciliennes : PSG (Ligue 1), Red Star, Paris FC et Créteil Lusitanos (tous trois en Ligue 2 cette année). Le lecteur peut zapper d'un club à un autre ou se concentrer sur son équipe de coeur. Au-delà de cinq articles par semaine, le mobinaute est facturé 3,99 euros par mois.
Les matches commentés en direct et les comptes rendus sont également fournis par le service des sports du Parisien.
"Il y a eu une grosse transformation des habitudes de la rédaction qui s'est achevée début 2015. L'info est d'abord publiée sur l'appli et le site, puis sur le papier", explique Matthieu Christopherson de Cointet, responsable de l'offre numérique payante du Parisien.
L'appli d'informations locales "Le Parisien Ma ville", inaugurée en avril à 3,99 euros par mois, repose sur ce même dispositif. Comme pour le foot, le lecteur peut choisir de ne recevoir que les informations de sa commune ou de son arrondissement.
"On s'est rendu compte que l'offre où nous étions attendus, c'est-à-dire l'actualité locale, n'avait pas été suffisamment développée", poursuit-il à propos de ces contenus, jusque-là monétisés uniquement à travers les ventes du journal et de ses cahiers départementaux.
Le quotidien, avec sa dizaine d'éditions locales en Ile-de-France et dans l'Oise, est en passe d'être vendu, avec sa déclinaison nationale "Aujourd'hui en France", par le groupe Amaury à LVMH.
"Convertir la richesse du papier"
"En ciblant le local et le sport, Le Parisien offre un service en plus et mise sur ses points forts. Quand on dit que les jeunes ne s'intéressent pas à la politique, c'est faux ! Du moment que c'est concret et que ça touche à leur vie quotidienne", estime Laurence Corroy, vice-présidente de l'université Paris-3 et spécialiste des pratiques médiatiques des jeunes.
Cette segmentation de son offre payante est un pari du Parisien pour "capter un lectorat plus jeune", renchérit l'historien de la presse, Patrick Eveno, qui remarque que les personnes âgées "se mettent aussi à utiliser des smartphones".
Selon Médiamétrie, le taux de Français équipés d'un smartphone est de 57,4% pour l'ensemble de la population et de 84,6% pour les 15-24 ans.
"Ces applications, c'est une façon de convertir la richesse du papier. Ils ont le réseau de localiers, autant qu'ils s'en servent ! Mais cela est peu répandu parce que la presse quotidienne régionale (PQR) a peur de cannibaliser les revenus du papier", analyse Patrick Eveno.
A la différence du Parisien, les applications mobiles des autres titres de la PQR, qui permettent aussi de filtrer l'actualité par ville ou département, sont généralement gratuites, et l'info sur mobile n'est monétisée qu'avec la vente de l'édition du jour à télécharger.
Grande incertitude, relève Vincent Rousselet-Blanc, responsable de la rubrique médias à L'Equipe (groupe Amaury), le prix de l'application risque d'être trop élevé pour le marché.
"Il n'est pas évident que le public du Parisien soit prêt à mettre 4 euros par mois, à moins qu'il y ait une vraie valeur ajoutée. Mais c'est bien d'occuper le terrain, car ça n'existe pas ailleurs", estime-t-il.
Sur les 1,5 million d'applications "Le Parisien Ma ville" téléchargées en quelques mois, seulement un peu plus d'un millier d'abonnés sont pour l'instant passés à l'abonnement payant, soit 5% des utilisateurs actifs quotidiens du service (20.000), selon Matthieu Christopherson de Cointet.
"Même si ce chiffre paraît faible, le ratio est important pour nous. Il correspond à nos objectifs", se défend-il.