08 mars 2016
Le numérique fournit "une opportunité historique" dont l'Éducation nationale doit s'emparer pour lutter contre la difficulté scolaire en primaire, à condition d'expérimenter, d'équiper les enseignants et de les former, prône un rapport.
"C'est à l'école primaire que les résultats les plus forts peuvent être obtenus", elle "doit être la priorité absolue du numérique éducatif", estime ce rapport, élaboré par le think tank libéral Institut Montaigne, présidé par le patron de l'assureur Axa Henri de Castries, en partenariat avec le Boston Consulting Group.
En France, l'école primaire est nettement moins équipée en outils numériques que le secondaire, et le plan numérique annoncé par François Hollande pour la rentrée 2016 cible surtout le collège.
Le rapport distingue deux stades pour l'utilisation du numérique éducatif. D'abord les cycles 1 et 2 (maternelle, puis du CP au CE2), où il peut permettre de dégager du temps pour se concentrer sur l'acquisition des fondamentaux par les écoliers en difficulté, au sein de la classe mais aussi pendant le temps périscolaire, voire les vacances. On pourrait ainsi, avec des vidéos, exercices ou questionnaires, mettre à profit une partie du temps que les enfants passent de toute façon devant les écrans à la maison, supérieur au temps de classe annuel, calcule le rapport.
Ensuite, en CM1 et CM2, "le numérique peut être envisagé comme un nouveau savoir fondamental, au même titre que parler, lire, écrire et compter".
Si la recherche "ne permet pas de conclure, de manière générale, à un effet positif" du numérique éducatif "sur les apprentissages, néanmoins, chaque nouvelle recherche apporte des résultats de plus en plus encourageants", selon ce rapport.
Scénarios d'équipement
Beaucoup d'enseignants ont pu "évaluer empiriquement les avantages de l'introduction du numérique sur les trajectoires de leurs élèves", le "plus significatif étant la répétition des tâches", qui permet d'acquérir une compétence, indique le texte. Des "exerciseurs" (logiciels interactifs proposant des énoncés et capables de valider les réponses) et des outils d'auto-évaluation "permettent à l'enfant d'être plus autonome et à l'enseignant de se concentrer sur les élèves plus en difficulté".
En outre, "un environnement numérique adapté" permet "un retour d'information immédiat" pour l'élève, qui ne sanctionne pas l'erreur mais l'encourage "à constamment corriger et améliorer son approche".
"Sans être l'unique réponse, les outils numériques, ciblés et liés à des mises en situation pédagogiques prédéfinies, pourraient être une partie de la réponse à l'échec scolaire", plaide le rapport, soulignant que "le scénario pédagogique" doit primer sur l'équipement, mais aussi faire l'objet d'expérimentations et d'évaluations scientifiques, ce qui a manqué jusqu'à présent.
Alors que les communes (pour les écoles) et les départements (pour les collèges) investissant dans le numérique équipent surtout les établissements ou les élèves, le rapport souligne la nécessité d'équiper les enseignants eux-mêmes "de matériel pédagogique adapté à leur pratique" et de les former davantage au numérique.
Il propose une "charte du numérique éducatif" destinée aux maires, pour leur éviter des erreurs ou un manque de coordination que certains ont déjà connu, ainsi que la création d'une "Fondation pour l'éducation" financée dans un premier temps par l'État pour 100 millions d'euros et pilotée par des chercheurs, afin d'initier et évaluer des initiatives.
Il suggère quatre scénarios d'équipement plus ou moins développés, allant de 100 millions d'euros à 1,4 milliard d'euros, et propose de tester à la rentrée 2016 le premier d'entre eux (sept tablettes en classes de grande section de maternelle, CP et CE1 pour la consolidation des savoirs fondamentaux dans 30 écoles parmi celles désignées par le plan numérique, pour un coût de 500.000 euros).
De même, il prône la création de 3 à 5 applications pour tirer parti du temps périscolaire dans ces écoles pilotes et l'extension du soutien scolaire en ligne D'COL du CE2 au CM2.