France Télévisions: les lourds défis de Delphine Ernotte

Elue à la tête de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, nouvelle venue dans l'univers des médias, prendra en août les rênes du groupe public où, attendue par les syndicats, elle devra faire mieux avec moins de moyens.

Des dossiers chauds

A son arrivée, la nouvelle PDG devra notamment s'attaquer à l'épineux dossier de la fusion des rédactions de France 2 et France 3, censée être effective en 2016.

Côté programmes, le CSA et l'Etat demandent plus d'audace à France Télévisions, qui doit rajeunir ses audiences. La moyenne d'âge des téléspectateurs de France 2 atteint près de 58 ans et celle de France 3 dépasse les 60 ans.

Elle devra composer avec un budget comprimé. D'ores et déjà, elle préconise le "non-remplacement des départs" et une "modération salariale" dans son plan stratégique.

La nouvelle PDG devra aussi réformer France 3 pour mieux la différencier de France 2. Dans son plan, France 2 doit être la "chaîne du flux", centrée sur l'événementiel, et France 3 la "chaîne du patrimoine et des territoires".

Pour mener à bien ses réformes, elle promet "un management dans et par le dialogue".

Attendue de pied ferme par les syndicats

Choisie par le CSA pour son "expérience reconnue dans la gestion du dialogue social", mais décrite par ses détracteurs comme une +cost killer+, Delphine Ernotte est attendue par les syndicats.

"Nous n'ignorons pas d'où vient Mme Ernotte et avons tous en tête le coût humain des restructurations successives à France Télécom/Orange et les choix managériaux qui y étaient liés", écrit la CGT de France Télévisions, qui redoute qu'elle ne vienne "+dégraisser le mammouth+ et mettre en musique un énième plan d'économies".

"Hier, j'ai reçu des dizaines et des dizaines de coups de téléphone de salariés inquiets qui me demandent ce qu'on va devenir", affirme Jean-Jacques Cordival, président de la fédération CGC des médias.

 

- L'audiovisuel, terre inconnue -

La directrice exécutive d'Orange France, qui a fait toute sa carrière chez l'opérateur, va faire ses premiers pas dans l'audiovisuel.

Si beaucoup, dont les syndicats, pointent du doigt son manque d'expérience, le CSA affirme avoir été "convaincu" par "sa perception des enjeux de l'audiovisuel", ainsi que par son "intuition des attentes du public dans unmonde en mutation".

"On reconnaît un bon patron au fait qu'il s'entoure bien. Ca va être sa première mission", estime Eric Vial, délégué central FO de France Télévisions.

Elle connaît bien en revanche le numérique, une de ses priorités à France Télévisions. Elle a d'ailleurs annoncé la création d'une "chaîne numérique de l'information".

Un test pour le CSA

Pour le CSA, cette nomination a valeur de test après le conflit historique à Radio France, où le manque de dialogue social a été reproché par lessyndicats au PDGMathieu Gallet, nommé l'an dernier par le gendarme de l'audiovisuel. La procédure de nomination a été vivement critiquée pour son manque de transparence.

"Le CSA s'est prononcé en toute indépendance et impartialité, sans aucune pression", a assuré son président Olivier Schrameck, ajoutant que "si le législateur souhaite changer les règles du jeu, c'est à lui d'intervenir".