10 novembre 2015
TF1 et le groupe Newen, qui produit le feuilleton "Plus Belle la Vie", ont annoncé avoir bouclé leur alliance destinée à "développer la production française à l'international", et notamment en Europe, un partenariat qui irrite France Télévisions.
Cette opération est un signe supplémentaire de la volonté des grands groupes audiovisuels comme TF1 de renforcer leurs moyens de production de contenus, nouveau nerf de la guerre des médias.
TF1 et Newen ont indiqué dans un communiqué avoir "signé un accord permettant à la chaîne de télévision de devenir actionnaire à hauteur de 70% du capital de FLCP, société holding de Newen", sans indiquer le montant de la transaction.
Les actionnaires actuels de FLCP, dont l'équipe dirigeante, resteront "associés à 30% du capital".
"TF1 ainsi que les actionnaires de FLCP disposent d'options, reposant sur des critères de performance et pouvant être exercées dans le cadre de ce projet de partenariat à moyen et long terme", ajoutent-ils.
Les deux groupes étaient en négociations exclusives depuis le 29 octobre. Le PDG de TF1 Nonce Paolini avait indiqué la semaine dernière espérer boucler d'"ici la fin de l'année" le rachat de Newen, deuxième producteur français de fiction et troisième producteur de flux (jeux, talk shows...).
Ce partenariat a pour objectif de "développer la production française à l'international et notamment auprès des grands diffuseurs européens", selon le communiqué, qui précise qu'il s'exercera "dans le respect de la liberté éditoriale et de l'indépendance commerciale".
TF1, premier groupe privé de télévision gratuite en France, veut en effet constituer, autour de Newen, un pôle de production européen, à l'image du groupe de télévision britannique ITV ou de Vivendi, propriété de Vincent Bolloré, qui ont racheté des sociétés de productions en Europe.
La société de production, qui propose actuellement plus de 1.300 heures de programmes par an au sein de ses 4 filiales Telfrance, Capa, Be Aware et 17 juin Media, distribue ses productions dans plus de 80 pays, à l'instar de "Versailles", sur la vie de Louis XIV, la série la plus chère de l'histoire de la télévision française.
Concurrence de plus en plus forte
En nouant ce partenariat, TF1 et Newen se donnent pour objectifs "d'accélérer le déploiement de la production et de la distribution au niveau international, face à une concurrence de plus en plus forte venant de puissants groupes non européens", selon le communiqué.
L'idée à terme est en effet de rivaliser avec des géants américains comme Netflix ou Amazon, qui dépensent pour leurs séries cinq fois plus que les Français.
Les deux sociétés ambitionnent de "nouer des partenariats avec les diffuseurs et les producteurs européens, notamment dans l'acquisition et la distribution de formats", mais aussi "de donner à Newen des moyens complémentaires pour poursuivre les investissements qui ont fait sa réussite" et de "proposer des coproductions internationales et des créations originales", indique encore le communiqué.
Cette nouvelle activité sera "indépendante des chaînes du groupe TF1", précise-t-il, qui indique que Newen veillera "à préserver une relation de confiance avec ses clients privilégiés, avec l'assurance d'un maintien sur le long terme de leur approvisionnement en programmes de qualité".
Si le projet de rachat de Newen avait été applaudi par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, satisfaite de voir "émerger des champions français", il avait suscité la colère des producteurs indépendants, opposés à leur intégration dans des groupes de télévision, et de France Télévisions, premier client de Newen.
Le groupe public finance notamment depuis 10 ans "Plus belle la vie", série phare de France 3. Dès l'annonce de ce rapprochement, sa présidente, Delphine Ernotte, a suspendu ses projets avec Newen.
Elle a réclamé en contrepartie que son groupe puisse devenir plus systématiquement copropriétaire des programmes qu'il commande, et non simple client, comme la règlementation l'y oblige.