09 novembre 2015
Le numéro un japonais de l'automobile, Toyota, a annoncé la création aux Etats-Unis d'une société de R&D spécialisée dans l'intelligence artificielle et la robotique, dans laquelle il va investir un milliard de dollars en 5 ans.
Cette nouvelle structure, Toyota Research Institute, dont le siège sera situé dans la Silicon Valley, "aidera à combler le fossé entre la recherche fondamentale et le développement de produits", a expliqué Toyota dans un communiqué diffusé à l'ouverture d'une conférence de presse du PDG Akio Toyoda à Tokyo.
Le constructeur a déjà depuis longtemps un pied dans la robotique et a conçu plusieurs automates, y compris humanoïdes, mais la mission principale dévolue à la nouvelle firme est "d'accélérer la recherche et le développement dans un large éventail de domaines pour aider la société à répondre à de nouveaux défis en utilisant l'intelligence artificielle et les données massives (big data)".
Toyota Research Institute, qui doit voir le jour en janvier 2016, sera dirigée par Gill Pratt, un spécialiste de la robotique qui travaillait jusqu'à récemment au sein de l'agence américaine des projets de recherche avancée sur la défense (DARPA).
Celui-ci a cité trois objectifs: "l'amélioration de la sécurité (en réduisant le risque d'accident), l'accessibilité de la conduite à tous, indépendamment des capacités du conducteur et, de façon plus large, la facilitation de la mobilité, notamment des personnes âgées" via les robots.
"Nous prévoyons également d'appliquer nos travaux de façon plus générale, par exemple pour améliorer le rendement de la production industrielle", a ajouté M. Pratt.
"Toyota estime que l'intelligence artificielle a un potentiel important pour soutenir les technologies futures et la création d'une toute nouvelle industrie", justifie le groupe de la région de Nagoya (centre).
Akio Toyoda a invoqué l'histoire de Toyota, qui a inventé le premier métier à tisser automatique avant de se tourner vers l'automobile. "Nous voulons que cet institut aille au-delà des voitures, quel avenir peut-on bâtir avec ces technologies", a-t-il dit.
Le dirigeant a été longuement interrogé sur la conduite autonome, alors que ce pilote amateur a pu par le passé se montrer réticent sur le sujet.
Il dit avoir changé d'avis quand il a décidé de soutenir "les jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo", prévus en 2020, en découvrant les bénéfices de la conduite autonome pour les personnes handicapées. Et d'évoquer aussi les promesses en termes de sécurité.
Mais "nous ne sommes qu'au début de cette course", a prévenu Gill Pratt, jugeant que rien n'était encore joué face aux géants de la Silicon Valley, comme Google qui fait déjà circuler un prototype dans plusieurs Etats américains. "On peut être facilement berné par certaines démonstrations qui suggèrent que la voiture est plus intelligente que l'homme", ce qui n'est pas le cas en l'état actuel des recherches.
L'investissement initial d'un milliard de dollars au cours des cinq prochaines années servira à mettre en place les deux sites prévus - l'un près de l'université de Stanford en Californie, l'autre à proximité du Massachusetts Institute of Technology (MIT) - et à les doter en personnel (environ 200 salariés).
Dans la même optique, Toyota avait dévoilé début septembre un partenariat avec ces deux prestigieuses universités américaines, avec à la clé un investisserment de 50 millions de dollars sur cinq ans également.