Jeu vidéo: la France en passe d’homologuer la classification par âge PEGI

Elle se reconnaît par ses petits rectangles vert pour les jeux vidéos accessibles à partir de 3 et 7 ans, orange dès 12 et 16 ans, rouge pour ceux réserves aux 18 ans et plus, la classification PEGI pour les jeux vidéo est en voie de reconnaissance en France.

Bénéficiant de l’appui des principaux fabricants de consoles, dont Sony, Microsoft et Nintendo, ainsi que de la plupart des éditeurs et développeurs de jeux interactifs en Europe, ce système de classification a été étendu cette année à toutes les nouvelles applications disponibles sur Google Play.

La signalétique, déjà présente sur la très grande majorité des jeux dans 27 pays européens, et qui définit l’âge minimum pour jouer à un jeu vidéo, doit être prochainement homologuée et deviendra alors obligatoire. Des pictogrammes renseignent également sur leur contenu (sexe, drogue, violence).

« Au début de l’année a été votée la loi de simplification et de modernisation du droit et des procédures judiciaires, qui comprend un article qui va homologuer la signalétique pour les jeux vidéo », a expliqué Emmanuel Martin, délégué général du syndicat des editeurs de logiciels de loisirs (Sell). « En ce moment a lieu le travail parlementaire technique entre la France et l’Europe mais on devrait pouvoir déposer rapidement la candidature de PEGI à cette homologation », s’est-il réjoui, en marge de l’Idef (Interactive and Digital Entertainement Festival), le salon professionnel du jeu vidéo qui s’est tenu à Bordeaux jusqu’à jeudi.

« Le jeu vidéo c’est le bien culturel le plus acheté pour autrui donc on a un vrai devoir d’information des parents, étant donné que beaucoup d’entre eux ne jouent pas et ne comprennent pas forcément cette culture », souligne Emmanuel Martin. « Nous, les acteurs du jeu vidéo, sommes conscients que s’il y a des jeux pour tous les publics, cela ne veut pas dire que tous les publics peuvent jouer à n’importe quel jeu », analyse-t-il.

Le succès de GTA V

« On a toujours été soutenu par les pouvoirs publics en France et faire de PEGI la signalétique officielle pour le jeu vidéo c’est une vraie reconnaissance pour nous, puisque c’est une initiative de l’industrie, dans un souci d’auto-régulation », affirme Emmanuel Martin.

L’ISFE, l’organisme européen réunissant les producteurs de jeux vidéo, dont le Sell est membre, a créé PEGI en 2003. Le secteur du jeu vidéo a en effet régulièrement dû faire face à des accusations d’ultra-violence, qui l’ont poussé à mettre en place un système indépendant, les éditeurs ne ratifiant pas eux-mêmes les jeux. « La majorité des jeux reste au final plutôt tout public, cela casse les idées reçues », note Jean-François Boone, en charge du Panel loisirs interactifs et vidéo pour GfK. « En 2014, 70 % des jeux disponibles à la vente en France étaient classé PEGI 12 et moins », détaille-t-il. Sur 2013 et 2014 environ un tiers des jeux vendus dans l’Hexagone étaient classes PEGI 18, mais ce chiffre un peu plus élevé que d’habitude s’explique en partie par le très fort succès de « Grand Theft Auto V », selon lui. Du côté des fabricants, on loue un processus d’examen « simple et efficace ». « Nous envoyons une version jouable du jeu, ainsi que différents documents dont un formulaire déclarant son contenu, le PEGI examine ensuite le jeu sur la base du formulaire et nous octroie le classement final », détaille Jean-Marie Mogentale, responsable de la classification des jeux chez l’éditeur français Ubisoft. « Nous n’avons pas eu à contester de décision depuis longtemps, le PEGI est très clair sur les critères de classement et est là pour répondre à nos questions si nous avons un doute », indique-t-il.

Les professionnels de la distribution sont un relais essentiel pour sensibiliser les joueurs et leurs parents. Dans cette optique, PEGI vient donc de lancer en France un programme de « e-learning » (formation en ligne) pour les distributeurs. « Ce programme leur permet d’avoir des employés formés qui connaissent la signalétique PEGI et les lois locales de classification par âge et de protection des mineurs », souligne Jennifer Wacrenier, responsable de la communication de PEGI. « Ils pourront ainsi mieux répondre aux questions des consommateurs », assure-t-elle. »