09 mars 2016
L'éditeur de jeux vidéo Ubisoft, sous la menace d'une prise de contrôle hostile par Vivendi, entend montrer que sa stratégie d'indépendance est viable grâce à "The Division", sa nouvelle marque sur laquelle se joue une partie de son année et de son avenir.
Présenté pour la première fois en juin 2013, ce titre, qui envoie le joueur dans une ville de New York décimée par une pandémie juste avant Noël, a été lancé cette semaine en Europe et en Amérique du Nord.
L'enjeu économique est de taille pour le groupe français: le développement du jeu a coûté plus de 80 millions d'euros, sans compter les dépenses liées à l'importante campagne de publicité qui accompagne sa commercialisation.
Il s'agit de "la plus importante sortie de 2016" pour Ubisoft, a expliqué à l'AFP son porte-parole Emmanuel Carré, alors que l'éditeur a récemment annoncé qu'aucun épisode de sa série phare "Assassin's Creed" ne verrait le jour cette année, rompant ainsi avec son rythme annuel.
Les voyants sont a priori au vert: la phase d'essai de "The Division", qui a permis aux joueurs d'essayer le jeu avant sa sortie, a rassemblé 6,4 millions de personnes en février, un niveau record pour une nouvelle marque.
Le défi est désormais de convertir ces joueurs en clients et ensuite de les faire jouer à cette production sur une longue période grâce à l'arrivée régulière de contenu supplémentaire, conformément à la stratégie détaillée par le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, lors de la journée consacrée aux investisseurs et destinée à les convaincre que céder aux avances de Vivendi --et de son patron Vincent Bolloré-- n'est pas une bonne option.
"Avec chaque jeu, un éditeur de cette taille joue son avenir en raison des sommes engagées. Sur une nouvelle marque, le risque est encore plus grand mais Ubisoft peut se le permettre car il est parvenu à maîtriser les processus créatifs et commerciaux. D'où sa volonté de rester indépendant pour se permettre justement de tels risques qu'il n'aurait sûrement pas pris s'il appartenait à un gros groupe média", a souligné Laurent Michaud, responsable du pôle des loisirs numériques au sein du laboratoire d'idées Idate.
Développé par le studio suédois Massive Entertainment, cette production a également été réalisée partiellement en France, par les équipes d'Ubisoft basées à Annecy, pour ce qui concerne la partie en ligne et les éléments de vie de la ville comme les animaux.
"L'objectif était d'avoir une histoire et un décor réalistes. Pour reproduire la ville, nous avons effectué beaucoup de voyages sur place afin de prendre des photos et tourner des vidéos. Notre New York virtuel n'est pas parfaitement identique à son modèle mais nous sommes parvenus à un résultat très proche", a fait valoir auprès de l'AFP Julian Gerighty, directeur créatif du jeu.
L'action se déroule à Manhattan où le joueur incarne un agent d'un groupe d'intervention chargé de ramener l'ordre. Si certains lieux mythiques comme le Madison Square Garden sont présents, d'autres comme l'Empire State Building manquent à l'appel pour des raisons de droits.
Le jeu en équipe est recommandé mais il est aussi possible de parcourir l'aventure en solo. Une connexion à internet est cependant requise dans tous les cas.
La réalisation de "The Division" se révèle réussie et les premiers instants consistent essentiellement à se familiariser avec la prise en main du personnage et avec les diverses possibilités d'évolution de cet avatar. Avant une plongée dans une histoire dont la durée de vie annoncée par l'éditeur se compte en dizaines d'heures.