22 février 2016
La Chine va interdire aux entreprises étrangères toute "publication en ligne", selon des règlements officiels diffusés cette semaine, une nouvelle initiative visant à contenir les médias et l'influence occidentale dans le pays.
Le web chinois est déjà l'un des plus censurés du monde, et un grand nombre de sites internet étrangers (Google, Facebook, Instagram, YouTube, Dailymotion...) ne sont pas consultables depuis la Chine.
Les futures règles, appliquées dès mars, stipulent que les entreprises étrangères "ne doivent pas entreprendre de publication en ligne" de livres, cartes, musique, dessins animés et jeux vidéos, entre autres contenus.
Aucune précision n'a été apportée sur la façon dont Pékin appliquera l'interdiction, ni à quels sites elle s'imposera -- ceux hébergés sur des serveurs en Chine ou ceux destinés aux internautes chinois.
L'Administration nationale de la presse, de la publication, de la radio, du film et de la télévision (SAPPRFT), qui a publié le projet de règlement, n'a pas pu être contactée dans l'immédiat par l'AFP.
Toute entité chinoise de publication coopérant avec une entreprise étrangère afin de fournir du contenu en ligne devra désormais obtenir une autorisation préalable de cette administration.
Mais pour Xu Yi, expert chinois du secteur, les implications de ces régulations sont floues.
"Elles fournissent au gouvernement une base légale pour contrôler les entreprises étrangères qui créent des sites internet en Chine", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Mais je ne crois pas que cela signifie que les sites ouverts par des étrangers en Chine soient contraints de fermer... cela dépend des intentions du gouvernement chinois."
Cette nouvelle intervient alors que le gouvernement a rendu public un projet de loi visant à encadrer plus sévèrement les ONG internationales, parfois accusées par les médias d'Etat d'être sous l'influence de "forces étrangères" susceptibles de fomenter des révolutions dans le pays.
Les autorités ont également empêché ces dernières années la publication en ligne de certaines séries télévisées et films étrangers, et fustigé l'influence "occidentale" sur le système éducatif.
Symbole de l'emprise politique sur internet et la presse, le président chinois Xi Jinping s'est rendu vendredi aux sièges pékinois des trois principaux médias officiels: la télévision publique CCTV, le journal Le Quotidien du peuple (organe du Parti communiste) et l'agence de presse Chine nouvelle.
Des visites durant lesquelles il s'est fait ovationner par le personnel et qui ont fait l'objet d'une abondante couverture médiatique, le sujet monopolisant près de la moitié du temps d'antenne du journal télévisé vendredi soir.