Musique en streaming: Deezer veut entrer en Bourse pour "consolider sa position"

Le groupe français Deezer, l'un des pionniers du streaming musical, a annoncé sa prochaine introduction à la Bourse de Paris, a priori "avant la fin de l'année", afin de "consolider sa position" sur le marché de la musique en ligne et financer son expansion internationale.

L'entrée en Bourse devrait intervenir "avant la fin de l'année", a précisé Simon Baldeyrou, directeur des opérations de Deezer lors d'une conférence de presse, sans pour autant dévoiler la valorisation potentielle de l'entreprise, estimée à un milliard d'euros par différents observateurs.

"Cette introduction en Bourse est une étape importante pour Deezer à un moment décisif pour l'industrie musicale. Le marché de la musique en streaming, encore jeune, (...) est appelé à devenir le principal canal de distribution musicale", a déclaré Hans-Holger Albrecht, directeur général de Deezer, cité dans un communiqué.

A rebours de ses consoeurs de la "French Tech" comme BlablaCar ou Sigfox qui ont préféré financer leur besoin de capitaux auprès de fonds privés, Deezer a choisi la Bourse pour "consolider sa position" sur un marché de la musique en pleine mutation.

Et contrairement à Criteo, la pépite française de la publicité en ligne, qui a cédé aux sirènes du Nasdaq -- l'indice américain des hautes technologies --, Deezer a préféré rester dans son pays de naissance chez Euronext Paris, dans l'espoir de rejoindre le club des start-up valorisées à plus d'un milliard d'euros.

"La société est arrivée à une certaine maturité. En terme d'actionnariat, l'introduction en Bourse permet d'avoir accès à une base plus diversifiée et plus internationale. Cela devrait aussi donner une visibilité plus importante à la société", a précisé M. Baldeyrou, précisant que la jeune pousse "sera la première de son secteur" à tester l'appétit des investisseurs.

Fondée en 2007, Deezer avait réalisé sa dernière levée de fonds en 2012 auprès du milliardaire russo-américain Len Blavatnik pour un montant de 100 millions d'euros.

Concurrence féroce

Outre l'enjeu de la communication et des investissements marketing, Deezer -- avec 6,3 millions d'abonnés et 16 millions d'utilisateurs uniques par mois -- a besoin d'accélérer son développement tant la concurrence sur le marché du streaming musical est de plus en plus vive.

Son principal concurrent, le suédois Spotify, revendique 75 millions d'utilisateurs dont 20 millions pour sa version payante et est valorisé à plus de 8 milliards de dollars, tandis que le géant américain Apple a lancé son service de streaming musical le 30 juin dernier.

Déjà présent dans 180 pays, Deezer entend poursuivre sa progression à l'international alors que la France reste encore de loin son premier foyer d'abonnés et premier marché avec 50% de ses revenus (74 millions d'euros en 2014).

Convaincu que le streaming représente "le futur de la musique", Deezer entend conquérir des parts de marché le plus rapidement possible grâce à la multiplication et au renforcement de partenariats, une quarantaine à ce jour, notamment avec des opérateurs télécoms.

Selon un bilan établi début septembre par le principal syndicat de producteurs de disques français, les revenus issus de l'écoute des morceaux en ligne (streaming) représentent désormais "la moitié du chiffre d'affaires des ventes physiques" (CD, vinyles) en France, avec 58,6 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance de 42% sur un an.

Deezer a par exemple fait ses premiers pas le marché américain l'an dernier via un partenariat avec Sonos, un fabricant américain de systèmes audio sans fil. Puis il a acquis Stitcher, le principal fournisseur indépendant américain de podcasts et contenus, inaugurant une offre combinée de podcasts et musique.

La jeune pousse mise également sur l'innovation et le renforcement de son offre de contenus à l'image de l'intégration de podcasts en France, au Royaume-Uni et en Suède.

Sans être encore rentable au niveau global, Deezer a enregistré en 2014 un bond de son chiffre d'affaires de 53%, à 142 millions d'euros. La start-up espère dépasser d'ici 2018 la barre des 750 millions de chiffre d'affaires.