30 octobre 2015
En entrant au capital de l'italien Telecom Italia, le patron de l'opérateur Iliad-Free et copropriétaire du journal Le Monde, Xavier Niel, est venu bousculer frontalement un autre magnat français des télécoms, Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi est devenu récemment le premier actionnaire de l'opérateur italien.
L'autorité boursière italienne (Consob) a confirmé jeudi que le fondateur d'Iliad, maison mère de Free, a pris une "participation potentielle" de 11,2% au capital du groupe italien, via des instruments dérivés, et ce en date du 21 octobre.
Une déclaration effectuée après une soudaine flambée du cours de Telecom Italia à la Bourse de Milan, consécutive à des informations de presse évoquant une prise de participation de Xavier Niel dans l'opérateur historique.
Xavier Niel n'a pas souhaité faire de commentaires alors qu'un porte-parole d'Iliad, maison mère de l'opérateur Free, a précisé que l'entreprise n'avait pas participé à l'opération qui pourrait se monter, selon le cours de Telecom Italia à la clôture mercredi, à 1,7 milliard d'euros.
Inattendu, ce mouvement peut être interprété comme un défi lancé au groupe Vivendi, dirigé par un autre cador français des télécoms, Vincent Bolloré.
Le patron de Telecom Italia, Marco Patuano, a indiqué qu'il "ne pense pas" que les deux groupes aient agi de concert. "Pour autant que je sache il n'y a pas de lien" entre eux, a déclaré M. Patuano.
Vivendi, propriétaire notamment de Canal+ et Universal Music, était devenu l'actionnaire de référence de l'opérateur italien en juin dernier, avec l'acquisition de 14,9% des actions, avant d'augmenter sa part progressivement jusqu'à 20,03%. Vivendi n'a pas souhaité réagir à cette information.
Alors que le géant français des médias, désireux de se développer en Europe du Sud, avait exprimé sa volonté de rapprochement avec des opérateurs télécoms, Telecom Italia en tête, afin de pouvoir notamment accéder à une distribution privilégiée et à une base de clientèle solide, l'irruption de Xavier Niel -- même à titre privé -- pourrait compliquer les plans de Vivendi.
D'autant que certains investisseurs, encouragés par sa montée progressive au capital de l'opérateur transalpin, lui prêtaient la volonté d'en prendre à terme le contrôle.
Du côté de M. Niel, des observateurs ont rappelé des informations de presse récentes évoquant la création par le patron de Free, son allié le banquier Matthieu Pigasse et le producteur télé Pierre-Antoine Capton d'un fonds pouvant réunir 500 millions d'euros pour racheter des médias.
Avec ce nouveau coup d'éclat, Xavier Niel, 10e fortune de France, confirme son image d'entrepreneur atypique et imprévisible, trublion de l'industrie des télécoms. A l'image de la création en janvier 2012 de Free Mobile qui avait cassé les prix et rebattu les cartes du secteur en France, longtemps monopolisé par Orange, SFR et Bouygues Telecom.