19 janvier 2016
Le patron de l'Arcep, le gendarme français des télécoms, a prévenu qu'il y avait des "lignes rouges" à ne pas franchir en cas de rachat de Bouygues Telecom par Orange, notamment en matière de concurrence.
"Je trace des lignes rouges. Il ne faut pas que cette transaction, si elle se fait, résulte en un renforcement de la position d'Orange (...) L'opérateur historique est déjà très fort", affirme Sébastien Soriano, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), dans un entretien au quotidien Les Echos mis en ligne dimanche.
"Attention à ne pas revenir en arrière dans l'ouverture à la concurrence du secteur. Les acquis pour les consommateurs restent fragiles", souligne-t-il.
"La réduction du nombre d'opérateurs (...) peut aussi être interprétée comme une régression par rapport à l'ouverture à la concurrence et les risques que cela comporte", estime encore M. Soriano.
Le responsable rappelle que, si les autorités françaises sont désignées pour superviser la transaction -plutôt que la Commission européenne-, l'Arcep devra alors donner un "avis d'expert" à l'Autorité de la concurrence.
"Nous serons particulièrement attentifs aux marchés où la concurrence est encore limitée, notamment auprès de la clientèle des entreprises et dans les zones rurales", met-il en garde.
En outre, l'Arcep dispose d'un "pouvoir direct de véto sur la question des fréquences utilisées par les opérateurs", prévient-il, rappelant que "nous pouvons nous opposer à leur transfert entre opérateurs si l'on juge que cela perturbe l'équilibre concurrentiel" ou les obliger à les "rétrocéder à l'Etat".
Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a estimé mardi que le projet de rachat de Bouygues avait "une chance sur deux" d'aboutir, estimant nécessaire une concentration du secteur des télécoms en France et en Europe.
Selon lui, la baisse des prix de la téléphonie et d'internet ces dernières années est un "acquis irréversible" pour les consommateurs français. Mais certaines associations de consommateurs craignent une baisse de "l'intensité concurrentielle" en cas de mariage Orange/Bouygues.