18 novembre 2015
L'autorité des télécoms Arcep a annoncé l'attribution de la bande des 700 mégahertz (MHz) pour 2,8 milliards d'euros, une opération qui va permettre aux opérateurs de déployer plus largement le très haut débit mobile et à l'Etat de financer des moyens supplémentaires pour la Défense.
"La première phase de la procédure s'est arrêtée ce matin avec la répartition suivante des six lots mis en vente: deux lots chacun pour Orange et Free Mobile, un lot chacun pour Bouygues Telecom et SFR. Le tout pour un montant global de 2,796 milliards d'euros", a déclaré à l'AFP Sébastien Soriano, président de l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms.
La vente de ces lots représente un investissement de 466 millions d'euros pour Bouygues Telecom et SFR, et de 932 millions d'euros pour Orange et Free Mobile.
"Ce n'est pas une surprise, nous savions que nous dépasserions le prix de réserve", a déclaré à la presse le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en le qualifiant de "bon chiffre, qui montre la valeur des fréquences" sans pour autant "fragiliser le secteur des télécoms".
Lors de la révision de la loi de programmation militaire début juin, le gouvernement avait annoncé que la somme obtenue pour la bande 700 MHz allait permettre de financer la rallonge accordée au secteur de la Défense.
"La principale leçon de ces enchères est que chacun des quatre grands opérateurs renforce, par la même occasion, son engagement durable sur le marché. Nous allons vers une stabilisation du marché dans sa configuration actuelle", a ajouté le président de l'Arcep.
Sébastien Soriano a estimé par ailleurs qu'"Iliad (la maison-mère de Free Mobile, ndlr) a(vait) été pleinement au rendez-vous de ces enchères, ce qui lui permettra de rattraper une partie de son retard, là encore signe d'engagement fort de sa part".
"Le marché se dirige massivement vers le très haut débit mobile, auquel serviront ces fréquences, de manière à répondre aux usages qui ne cessent d'augmenter", a rappelé Sébastien Soriano.
Les opérateurs satisfaits
Les opérateurs se sont tous félicités des attributions, Michel Combes, président de SFR, estimant que le résultat "conforte notre position d'opérateur leader du très haut débit en France" alors que Bouygues Telecom assure que ces fréquences vont lui "permettre de renforcer la stratégie de développement des usages internet".
Pour Free Mobile, jusqu'ici moins pourvu que ses concurrents en terme de fréquences basses du fait de son entrée plus tardive sur le marché, "ce succès (nous) positionne de manière définitive comme un opérateur de réseau mobile de premier plan".
Orange s'est aussi félicité d'"avoir obtenu deux blocs", représentant "un investissement industriel clé qui permet à Orange de renforcer sa place de leader dans le très haut débit mobile".
Le montant atteint est de 300 millions d'euros supérieur au prix de réserve fixé par l'Etat lors du lancement de la procédure, qui était d'environ 2,5 milliards d'euros.
Concrètement, l'Arcep, qui avait la charge de mener à bien les enchères, faisait augmenter de cinq millions d'euros à chaque tour le montant d'attribution de chaque lot en jeu, les enchères ne prenant fin que lorsque la demande totale devenait égale au nombre de blocs mis en vente.
L'opération va désormais entrer dans une seconde phase "plus technique", qui va consister à déterminer la place de chaque opérateur sur la bande, une procédure qui pourrait rapporter plusieurs dizaines de millions d'euros supplémentaires.
Ces enchères portent sur les fréquences 700 MHz jusqu'ici utilisées par la télévision et qui passeront progressivement, à partir de la mi-2016, dans le giron de la téléphonie mobile.
Considérées comme des "fréquences en or", elles permettent une meilleure qualité de service tout en offrant une portée plus importante aux antennes relais.