C'est une somme difficile à appréhender. L'épargne des Français s'élève à plus de 5.726 milliards d'euros, selon la Banque de France : presque deux fois le chiffre total de la dette publique du pays et trois fois l'ensemble de la capitalisation boursière des entreprises du CAC40. Cet argent est avant tout réparti dans l'assurance-vie, mais également dans les produits type Livret A. Sans oublier les centaines de millions d'euros qui dorment sur des comptes courant.

Restent encore les actions cotées, les organismes de placement collectif (OPC) ou les dépôts à vue. L'épargne est par ailleurs en hausse de 54% par rapport à fin 2010 mais moindre qu'en décembre 2021, où elle a culminé juste au-dessus des 6.000 milliards d'euros, selon la banque centrale qui réalise un pointage tous les trimestres.

L'assurance vie reste le placement qui capte le plus d'épargne en France. Selon les données de la fédération professionnelle France Assureurs publiés jeudi, l'encours s'élevait à 1.827 milliards d'euros à fin octobre. Quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance vie, soit un capital d'environ 100.000 euros par souscripteurs, souvent investi dans plusieurs contrats. Les sommes sont réparties en deux grandes catégories : les fonds euros, dont le capital est garanti et le rendement fixé chaque année par l'assureur, et les unités de compte (UC), des placements plus risqués qui n'offrent pas de garantie en capital pour l'assuré mais qui peuvent, les bonnes années, rapporter davantage.

L'assurance vie tremble sur son piédestal cette année, prise en étau par la concurrence de l'épargne réglementée et la piètre performance des marchés. Selon la Banque de France, son encours en valeur de marché a baissé de 220 milliards d'euros au premier semestre 2022, principalement sur les fonds euros.

Souvent présenté comme le placement préféré des Français puisque 55 millions en ont un, le livret A est loin derrière. Avec 368,5 milliards d'euros à fin octobre selon le dernier pointage de la Caisse des Dépôts, son encours est en effet cinq fois inférieur à celui de l'assurance vie. En cause ? Un plafond fixé à 22.950 euros, répondent ses détracteurs. 

En réalité seuls 4,3 millions de personnes (7,8%) avaient, du fait des intérêts capitalisés, dépassé ce plafond fin 2021, selon le rapport annuel de l'Épargne réglementée de la Banque de France. Les livrets A ne sont remplis en moyenne que de 5.800 euros à fin 2021, soit seulement le quart de leur capacité.

Ce produit, garanti, défiscalisé et qui permet de récupérer ses fonds très facilement, est regardé en coin par les banques puisque la rémunération qu'elles doivent servir –2% depuis le 1er août, plus à venir en février prochain- pèse sur leurs marges. Ce rendement est aussi meilleur que nombre de fonds euros de l'assurance vie.

Il existe d'autres produits d'épargne réglementés, comme le plan d'épargne logement (PEL, pensé pour permettre un projet immobilier), le Livret d'Epargne populaire (LEP, soumis à des conditions de ressources) ou encore le Livret de développement durable et solidaire (LDDS, dédié à l'économie sociale et solidaire, ainsi qu'aux économies d'énergie dans les logements).

S'il existe une grande variété de produits financiers en dehors de l'assurance vie et de l'épargne réglementée, une partie de l'argent des ménages n’est pas investie ou placée. La réserve qui dort sur ces comptes courants est même supérieure à celle déposée sur les livrets A et les LDDS réunis : près de 700 milliards d'euros à fin juin, selon la Banque de France.

Cet argent, pas ou extrêmement peu rémunéré, subit plus encore que les autres placements l'impact de l'inflation, mesurée à 6,2% sur un an au mois de novembre, selon une première estimation de l'Insee mercredi. La liasse de billets sous le matelas n'a enfin pas disparu. Près de huit billets en euros sur dix en circulation sont "thésaurisés", c'est-à-dire gardés à la maison, affirme la Banque de France.