Shawn Fain, directeur du puissant syndicat américain United Auto Workers (UAW), a salué "un pas important dans la bonne direction pour une entreprise qui a été mal dirigée et une main-d’œuvre maltraitée", dans un message publié par CNBC.

Le conseil d'administration de Stellantis, propriétaire notamment des marques Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Opel, Lancia et Jeep, a accepté dimanche à l'unanimité la démission "avec effet immédiat" de M. Tavares, dont le successeur sera nommé au premier semestre 2025.

"Pour le bien de l'entreprise, nous étions arrivés au point où nos routes devaient se séparer", a motivé le président de Stellantis, John Elkann, dans un message vidéo aux salariés du groupe, estimant que l'intérêt à "long terme" du groupe devait être privilégié.

Selon M. Fain, M. Tavares laisse derrière lui "un chaos fait de douloureux licenciements et de véhicules trop chers abandonnés sur les parkings des concessions".

En France, où l'Etat est actionnaire de Stellantis, une source gouvernementale française a au contraire salué dimanche un dirigeant qui "aura mené en 10 ans à la tête du groupe le rachat d'Opel puis la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en 2021, après avoir géré les perturbations importantes liées à la crise du Covid".

Stellantis peut "encore renforcer son empreinte industrielle française et européenne, dans un contexte de forte concurrence internationale dans l'automobile", a cependant ajouté cette source.

La section Force ouvrière (FO) de Stellantis a condamné de son côté une "décision précipitée", qui "fragilise l’ensemble de l’entreprise et ses milliers de salariés". 

"Stellantis, véritable paquebot industriel, a plus que jamais besoin d’un capitaine solide et visionnaire pour naviguer dans cette tempête économique et stratégique", a souligné le syndicat français.

"Ce qui inquiète les salariés aujourd'hui, c'est qu'on a poussé Carlos Tavares à la démission visiblement, et il n'y a pas de plan B", a déclaré Philippe Pétry, délégué syndical de la CFDT à l'usine de Metz-Borny.

M. Tavares "avait des défauts, des qualités, mais c'était un industriel. Il a orienté l'entreprise vers l'électrique (...) Quelle sera la vision de son remplaçant ? C'est le gros point d'interrogation", a déclaré M. Pétry à l'AFP.

M. Tavares "n'est pas à plaindre et aucun travailleur ne va regretter" un dirigeant "qui a massacré l'emploi et détruit des milliers de familles", a dit la CGT centrale de Stellantis. "Par contre, quel sera le chèque de son montant de départ? 50 millions? 100 millions?", s'est interrogé le syndicat français.

En Italie, la Ligue (parti souverainiste allié de la formation de la présidente du conseil Giorgia Meloni) s'est aussi dite "curieuse de savoir combien prendra Carlos Tavares comme +récompense+ économique après sa gestion désastreuse".

Carlos Tavares a "renversé la vision au long cours de Sergio Marchionne" (ancien dirigeant de Fiat-Chrysler), a décrit le secrétaire général du syndicat CISL Luigi Sbarra sur la chaîne Sky Tg24. "Il n'a jamais cru dans le dialogue avec les syndicats, a beaucoup délocalisé, coupé dans les emplois, freiné les investissements, et est allé jusqu'à défier l'Etat (italien) au sujet des subventions".

"Tavares est parti, les problèmes restent pour les travailleurs", a souligné auprès de l'AFP Maurizio Oreggia, coordinateur du syndicat italien FIOM.