Emmanuel Macron a été très clair mercredi 5 mars lors de son allocution télévisée : "l'Europe de la défense est une réalité" et elle va devoir se renforcer militairement afin de se prémunir face aux menaces étrangères, et notamment celles provenant de la Russie. Dans cette Europe, la France a une position toute particulière du fait de sa force de dissuasion nucléaire et de la puissance de son armée. Pour autant, le chef de l'État l'a dit, il va falloir faire des efforts budgétaires sur l'armement. Aucune hausse d'impôts au programme, il l'a promis, mais de "nouveaux financements" pour augmenter les dépenses militaires et qu'elles représentent 5 % du PIB (contre 2 % actuellement).
Ce que va nous coûter cette "économie de paix"
Augmenter de trois points le budget de la défense, c'est engendrer 90 milliards d'euros de dépenses supplémentaires. Sur quels fonds ? Dans quelle mesure l'épargne des Français pourrait être mobilisée ? L'exécutif compte d'abord sur le volontariat des acteurs privés, investisseurs ou banques, pour participer à ce que le ministre de l'Économie Éric Lombard a appelé "une économie de paix", et non "une économie de guerre", sur Franceinfo jeudi matin.
Emmanuel Macron a dit mercredi soir qu'il allait "faire appel à la nation". Concrètement, que cela veut-il dire ? Bercy travaille sur différentes pistes mais le chef de l'État a relancé l'idée de créer des "produits d'épargne" spécifiques, qui permettraient aux Français de contribuer à la défense du pays. Sur France Inter, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a évoqué la possibilité, pour les Français, de "placer de l'argent de manière patriotique, voire rémunérée."
L'une des pistes du gouvernement est effectivement de créer un nouveau livret d'épargne ouvert à tous, rapporte le 20 Heures de TF1 jeudi 6 mars. Un livre, dont le taux de rémunération n'a pas été fixé, qui permettrait de financer l'armée française. Pour dégager des fonds supplémentaires, l'exécutif envisage aussi de faire travailler plus les Français, en reculant encore l'âge de départ à la retraite ou en supprimant un jour férié. Bercy étudie aussi la possibilité de réaffecter certaines dépenses jugées inutiles (exemple : le "plan vélo", pris en charge par l'État alors qu'il concerne le périmètre d'action des mairies, qui pèse 100 millions d'euros).
Selon BFMTV, des "financements innovants" sont aussi à l'étude. Rien de bien concret finalement mais un conseiller d'Éric Lombard a assuré auprès de la chaîne d'information que "le fait que ça ne peut pas passer par des hausses d’impôts est important dans le contrat avec les Français".