L'association précise dans un communiqué que cette plainte prend la forme d'une "lettre d'allégation" adressée au rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à la santé, Dainius Pūras, et à son homologue sur le droit à la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye.
Cette lettre recense les violations constatées dans le cadre de l"Observatoire 19", un outil mis en place début avril par RSF pour évaluer les impacts de la pandémie sur le journalisme et documenter "la censure étatique, la désinformation délibérée et leurs effets sur le droit à l'information fiable".
RSF a recensé des cas de censure, de détention arbitraire, de harcèlement ou de violences sur des journalistes, ou de développements législatifs inquiétants dans 38 pays et précise que "la liste n'est pas exhaustive".
"Au Brésil comme aux Etats-Unis, les présidents s'en prennent avec violence aux journalistes. Des journalistes ont été arrêtés en Algérie, en Jordanie et au Zimbabwe. En Hongrie, une loi orwellienne a imposé un +Etat policier de l'information+. Au Cambodge, le Premier ministre utilise la crise du Covid 19 pour renforcer son pouvoir. Sans parler de la Chine, où la répression du journalisme a permis à l'épidémie de se propager, à Wuhan puis dans le reste du monde", affirme l'organisation.
RSF "s'alarme aussi de la vulnérabilité face au virus des journalistes maintenus en détention malgré l'épidémie en Turquie ou en Arabie Saoudite".
Le but de sa plainte aux rapporteurs spéciaux est "de passer de l'avertissement à l'action vis-à-vis des Etats, en saisissant sous la forme d'un +appel urgent+ chacun des Etats où sont relevées des violations de la liberté de la presse qui portent atteinte au droit à la santé", afin d'obtenir des mesures concrètes, comme la libération des journalistes détenus.
Le courrier de RSF demande également aux rapporteurs spéciaux de proclamer publiquement que le droit à l'information est "inhérent" au droit à la santé.
"Comme l'affirme la Déclaration sur l'information et la démocratie, +le droit à l'information consiste en la liberté de rechercher et de recevoir des informations fiables et d'y accéder+. Violer ce droit, c'est mettre en danger la santé, et même la vie, des êtres humains. Nous attendons que les Etats qui violent ce droit soient dénoncés publiquement par des institutions onusiennes", explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.