Pour Daisy Ko et Dark Chan, leur union est le fruit d'un rêve mûri depuis des années.

"C'était la promesse que je lui avais faite et aujourd'hui nous l'avons fait (...) Je suis tout excitée et vraiment heureuse", s'émeut Dark Chan, 45 ans, auprès de l'AFP.

Le soutien envers le mariage pour tous à Hong Kong s'est accru durant la dernière décennie: 60% des habitants du centre financier méridional chinois y étaient favorables en 2023, selon un sondage conduit par trois universités.

Davantage de couples LGBT+ réfléchissent à se marier depuis une décision historique de la justice locale l'an dernier, qui a ordonné une meilleure protection des droits des couples de même sexe, ont relaté mardi les organisateurs de l'événement nommé "Fierté de se marier".

Ce mariage collectif était l'occasion non seulement de célébrer un moment de joie en famille et entre amis, mais aussi de sensibiliser l'opinion publique, selon sa co-organisatrice, Kurt Tung.

"Il n'y a jamais eu de mariage collectif LGBT+ à Hong Kong (...) (L'événement) est important pour la communauté", raconte Mme Tung, qui a cofondé une entreprise d'organisation de mariages LGBT+.

"J'espère qu'un jour tout le monde admettra le fait que l'amour n'existe pas seulement entre les hommes et les femmes", souhaite Lucas Peng, un homme d'affaires de 66 ans qui a convolé en justes noces avec son partenaire de longue date.

"Avoir la possibilité de déclarer publiquement notre amour l'un pour l'autre est une étape très importante pour nous."

M. Peng espère qu'Hong Kong et sa Singapour natale suivront l'exemple de la Thaïlande, qui a ouvert le mariage à tous en juin, une première en Asie du Sud-Est.

"Un mariage, c'est un mariage" 

Depuis les Pays-Bas, le premier pays à avoir célébré des unions entre personnes de même sexe en 2001, plus de trente Etats ont légalisé le mariage pour tous dans le monde.

En septembre, la plus haute juridiction de Hong Kong a rejeté à l'unanimité un recours concernant la reconnaissance des mariages autres qu'entre un homme et une femme, même contractés à l'étranger.

La cour a cependant estimé que le gouvernement contrevenait "à son obligation (...) de reconnaître légalement les couples de même sexe", comme par le biais d'unions civiles, et accordé "un délai de deux ans" aux autorités pour créer un cadre légal, laissant à l'exécutif et au Parlement - dénué d'opposition - le soin de décider des détails.

En mai, un ministre a annoncé que l'exécutif conduisait une "étude détaillée" mais aucune consultation publique n'a encore été annoncée.

Mme Tung dit avoir observé une hausse du nombre de couples LGBT+ souhaitant se marier depuis la décision judiciaire, malgré l'absence de changement légal dans l'immédiat.

Les couples ont besoin d'un cadre privé et agréable pour se sentir à l'aise, ajoute-t-il en affirmant que l'homophobie persiste dans le secteur événementiel.

Créée en 2018, sa société organisait autrefois une dizaine de mariages par an, contre près de 100 actuellement. Plus de 30 couples avaient postulé pour prendre part au mariage collectif organisé en ce mois des fiertés LGBT+.

"Des couples me demandaient autrefois: +quel est l'intérêt du mariage?+ (...) Aujourd'hui, ils se demandent où se marier", explique Kurt Tung.

Mardi, les 20 amoureuses et amoureux se sont unis dans une salle dotée d'un grand écran sur lequel un officiant de l'Utah conduisait la cérémonie en visioconférence à quelque 12.000 kilomètres de là.

Cet Etat de l'Ouest américain n'impose qu'à l'officier d'état-civil d'être présent dans l'Utah et les mariages peuvent se dérouler en ligne.

Les couples de même sexe mariés légalement à l'étranger bénéficient d'une poignée de droits à Hong Kong obtenus de haute lutte, concernant les impôts, les visas, le logement et l'héritage. Mais certains sont encore contestés par le gouvernement.

Dark Chan a épousé mardi sa compagne et espère que Hong Kong ouvrira un jour le mariage à tous, afin que les époux de même sexe aient le statut juridique nécessaire pour s'occuper l'un de l'autre.

"Au cas où quelque chose irait mal, le certificat de mariage est un document légal très important", explique-t-elle.

"Idéalement, le mariage ne devrait pas être divisé entre (couples de) même sexe" ou non, juge Liam Mak, un participant transgenre de la cérémonie. "Un mariage, c'est un mariage."