Cette première attaque directe jamais menée par la République islamique contre le territoire israélien a été "déjouée" a annoncé le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari. "La campagne n'est pas encore terminée, nous devons rester en état d'alerte", a-t-il ajouté.

Dans la foulée, le chef des forces armées iraniennes a salué une attaque qui "a atteint tous ses objectifs". Lui emboitant le pas, le président Ebrahim Raïssi a déclaré que la "punition de l'agresseur s'est réalisée", prévenant Israël que toute riposte "imprudente" à cette attaque donnerait lieu à une réponse militaire beaucoup "plus forte".

A la demande d'Israël, le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir en urgence dimanche. Son chef, Antonio Guterres, a condamné "une grave escalade", à l'instar de nombreuses capitales européennes dont la France et l'Allemagne.

Parallèlement à l'attaque iranienne, des alliés de Téhéran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont tiré des roquettes et des drones en direction du territoire israélien.

"Avec les Etats-Unis et d'autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l'Etat d'Israël", s'est félicité le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

"Nous avons intercepté 99% des tirs vers Israël", a indiqué pour sa part Daniel Hagari.

Israël a annoncé la réouverture dimanche matin de son espace aérien, de même que la Jordanie et le Liban, pays voisins d'Israël, ainsi que l'Irak, frontalier de l'Iran.

L'attaque iranienne est intervenue alors qu'Israël est engagé depuis plus de six mois dans une guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

Soutien "inébranlable" américain 

Le président américain Joe Biden a renouvelé son soutien "inébranlable" à Israël et annoncé la tenue d'une réunion du G7 afin de coordonner une "réponse diplomatique unie" à l'attaque iranienne. L'Italie, qui préside actuellement ce groupe de pays industrialisés, a indiqué que cette rencontre se tiendra en vidéo-conférence dimanche en début d'après-midi. 

Selon l'armée israélienne, l'Iran a "lancé un essaim de 300 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière". Seuls quelques missiles balistiques "sont entrés et ont touché légèrement" une base militaire, qui reste en activité, a indiqué Daniel Hagari.

L'agence officielle iranienne Irna a fait état elle, de "sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev (sud)".

Outre plusieurs blessés légers, une jeune fille de 7 ans originaire d'une communauté bédouine dans le sud d'Israël a été placée en soins intensifs, a indiqué M. Hagari.

L'attaque iranienne est une réponse à la frappe le 1er avril qui a détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à deux hauts gradés des Gardiens de la révolution. L'Iran a accusé Israël de cette frappe, mais ce dernier n'a ni confirmé ni démenti.

Le ciel piqué de lumières rouges 

Peu avant 02h00 dimanche matin (23h00 GMT samedi), une série de détonations a figé Jérusalem. Le ciel s'est piqué de lumières rouges et jaunes filmées par l'AFP, et par de nombreux habitants qui ont partagé les images sur les réseaux sociaux.

Des images de projectiles au dessus de l'emblématique coupole dorée du dôme du rocher, sur l'un sites les plus saints de l'Islam, au coeur de la vieille ville, font le tour des plateformes.

Citant les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, la télévision d'Etat a fait état de "dizaines de missiles et de drones" tirés "sur des cibles spécifiques".

Appels à la "retenue" 

Téhéran a appelé en même temps les Etats-Unis à rester à l'écart de son conflit avec Israël.

"Il s'agit d'un conflit entre l'Iran et le régime voyou israélien, dont les Etats-Unis DOIVENT RESTER À L'ECART!", a indiqué la mission iranienne à l'ONU sur X.

Aux cris de "Mort à Israël", "Mort à l'Amérique", quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans les principales villes d'Iran pour saluer l'attaque iranienne.

Juste après le début de l'opération, le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé sur X: "le régime diabolique va être puni".

L'Égypte a mis en garde contre un "risque d'expansion régionale du conflit". L'Arabie Saoudite a pour sa part appelé à "la plus grande retenue". Pékin a dit sa "profonde préoccupation" et Moscou a appelé à la "retenue".

"Pas d'accord humanitaire" à Gaza 

Samedi, les forces spéciales maritimes des Gardiens de la Révolution ont saisi un navire accusé d'être "lié" à Israël, avec 25 membres d'équipage à bord, dans les eaux du Golfe.

L'Iran, qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël, est un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d'une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33.729 personnes, essentiellement des civils, ont péri, selon le mouvement islamiste palestinien.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est classé groupe terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son rejet de la proposition de trêve soumise par les médiateurs montre que le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya "Sinouar ne veut pas d'accord humanitaire, ni le retour des otages", écrit le Mossad israélien, dans un communiqué dimanche.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes en majorité des civils, d'après un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.