Ces frappes se produisent au moment où l'Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le soutien américain avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche. 

Elles arrivent aussi deux jours après un appel entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président russe Vladimir Poutine, une reprise de contact jugée dangereuse par Kiev.

"Une attaque combinée massive a visé toutes les régions de l'Ukraine" et ciblé "notre infrastructure énergétique", a déclaré le président Volodymyr Zelensky, faisant état de 120 missiles et 90 drones lancés.

C'était une "nuit infernale", a estimé le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouriï Ignat, selon lequel la défense antiaérienne a abattu 144 de ces cibles.

Le ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a dénoncé "une des plus grandes attaques aériennes" lancées par la Russie.

Le ministère russe de la Défense a affirmé de son côté avoir atteint "toutes" ses cibles lors d'une attaque massive contre des "infrastructures énergétiques essentielles".

Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l'Ukraine, selon Kiev.

L'opérateur énergétique ukrainien DTEK a indiqué que certaines de ses centrales thermiques avaient été "sérieusement endommagées" dimanche.

Des coupures de courant ont touché la région de Kiev ainsi que plusieurs zones de l'ouest, du sud et de l'est, comme Odessa ou Dnipropetrovsk.

Le courant commençait à être rétabli à la mi-journée dans certaines régions, selon DTEK.

Il s'agit de la dixième attaque d'ampleur contre le réseau énergétique ukrainien depuis le début de l'année, selon l'opérateur Ukrenergo.

Avions polonais 

Au total, le bilan humain de la nuit et la journée atteint dix morts et une vingtaine de blessés, d'après les autorités ukrainiennes.

Parmi eux, deux employés des chemins de fer Ukrzaliznytsia ont été tués et trois blessés lors du bombardement d'un dépôt à Nikopol (sud), a annoncé l'entreprise publique.

Une femme a été tuée et deux personnes ont été blessées par une attaque de missiles dans la région plus rarement ciblée de Lviv (ouest), a indiqué le chef de l'administration militaire, Maksym Kozytsky.

Dans le sud, deux employés d'Ukrenergo ont été tués dans la région d'Odessa, a annoncé l'opérateur DTEK. 

L'un d'eux avait servi dans l'armée ukrainienne au début de l'invasion, avant d'être démobilisé au printemps 2023 et de retrouver son poste d'éléctricien, selon cette même source.

Deux personnes ont été tuées à Kherson, et deux autres à Mykolaïv, autres villes méridionales, selon les autorités locales.

Plusieurs personnes ont aussi été blessées dans des attaques distinctes à Kiev, à Dnipro (est), et dans les régions de Poltava (centre), Zaporijjia et Kherson (sud).

Des missiles et drones russes ont même atteint la Transcarpatie, région très rarement ciblée dans l'extrême ouest du pays, éloignée du front et frontalière de la Pologne et de la Hongrie.

L'armée polonaise a annoncé dimanche avoir fait décoller des avions de chasse et mobilisé des forces pour défendre son territoire, une procédure habituelle en cas de danger proche de ses frontières.

Côté russe, une journaliste locale, Ioulia Kouznetsova, a été tuée par une attaque de drone ukrainien dans la région de Koursk, selon le gouverneur Alexeï Smirnov.

Cette région a été attaquée début août par l'armée ukrainienne, qui en contrôle encore une petite partie.

Un civil a été tué par un drone ukrainien dans la région russe de Belgorod, également frontalière de l'Ukraine, selon son gouverneur Viatcheslav Gladkov.

"Réponse" de Poutine 

Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l'aider à reconstruire son réseau électrique, et à lui fournir plus d'équipements de défense antiaérienne et d'armement.

Mais la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine relance le débat sur de possibles négociations, et Kiev craint d'être forcé à des concessions.

L'Ukraine s'est agacée vendredi d'un appel téléphonique entre Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier depuis décembre 2022, le président Zelensky accusant le chancelier allemand d'avoir ouvert "la boite de Pandore".

Ce dernier a réaffirmé dimanche son soutien à l'Ukraine et assuré qu'"aucune décision" ne serait prise sans elle.

Le ministre ukrainien Andriï Sybiga a estimé que les attaques de dimanche constituaient la "vraie réponse" du président russe Vladimir Poutine aux dirigeants qui l'ont "appelé ou lui ont rendu visite" ces derniers temps.

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a estimé que ces frappes prouvaient qu'aucun appel téléphonique ne pouvait "remplacer un véritable soutien de l'ensemble de l'Occident".

Volodymyr Zelensky, qui a longtemps balayé l'idée de pourparlers, a affirmé samedi vouloir obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025 par "des moyens diplomatiques".

Les positions russes et ukrainiennes restent néanmoins opposées: Kiev exclut la cession des territoires occupés par l'armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.