"La musique est importante pour le dessin d'une époque", remarque Alain Souchon, qui passe en revue pour l'AFP son paysage musical, où l'on croise les Eddy - De Pretto, Mitchell -, Mick Jagger ou encore Véronique Sanson.

"Ame Fifties", son nouvel album - le premier depuis onze ans avec des chansons originales et en solo - sort ce vendredi et ouvre sur ses souvenirs des années cinquante.

Passons donc aux "sixties", époque "qui a le plus marqué les gens de ma génération à cause de la musique". "Avec le rock'n'roll américain, Elvis Presley, les chanteurs français ont emboîté le pas, ça a changé la donne, on est passé de Luis Mariano à Johnny Hallyday". "La jeunesse s'est mise à exister, à exister fort, avant elle était en blouse, oui, on portait des blouses au collège", raconte le chanteur-dandy de 75 ans.

Il fait défiler ensuite, au fil des décennies, ceux qu'il aime, Joe Dassin - "j'adore, très intelligent, populaire" - Claude François - "c'est fort" - Alain Chamfort - "poétique" - et Eddy Mitchell, qui a toute sa tendresse, "Sur la route de Memphis, c'est merveilleux".

- Voulzy, "passionné par Eminem" -

"Eddy Mitchell a écrit une chanson touchante: les gens nous appellent le showbiz mais on est une tribu ("La même tribu")". "Les chanteurs, entre nous, on est assez amis, liés, poursuit Alain Souchon. On représente l'argent, la réussite et en même temps on ne se jalouse jamais. Véronique Sanson, plus elle a du succès, plus je suis content. Alors que dans la politique, la télé, le sport, tout le monde se hait, c'est le bordel complet, même les écrivains se détestent".

Véronique Sanson, "quand elle chante Vancouver, c'est de la folie complète, moi je suis fan", rebondit-il. 

Nous voilà aux années 1990 et 2000. "L'arrivée du rap" le marque. Laurent Voulzy, son comparse - qu'on retrouve sur le beau titre "Irène" - est "passionné par Eminem, moi je ne connais pas bien le rap américain". "Mais dans le rap français, les paroles comptent, ce que ça raconte c'est important". 

 

"Au niveau des musiques, je vais plutôt écouter Mozart, mais pour les textes, Eddy De Pretto, c'est intéressant", poursuit-il, citant aussi Oxmo Puccino, dont il n'a pas eu le temps d'écouter le dernier disque. "Je viens de faire un album, je suis égocentrique, je ne pense qu'à moi", rigole-t-il, très en forme. 

- "Comme un léopard" -

On le lance ensuite sur Mick Jagger, cité dans "On s'ramène les cheveux", titre d'"Ame Fifties". "Les Rolling Stones, c'est spécial, un mélange d'intelligence, de théâtre, d'excès mais surtout quelle intelligence d'avoir joué aux voyous, alors que Jagger est très raffiné et que Keith Richards est très tendre mais en même temps complètement déglingué par les drogues". 

"J'entendrai constamment +Let's Spend the Night Together+ (il la chante), avec l'autre (Jagger) qui arrive comme un léopard ! J'en suis fou de ça, ça m'exalte ! Et je ne sais pas faire ça !".  

"Jagger, c'est extraordinaire de se tortiller comme ça à son âge ! Il fait semblant d'être déglingué mais ça fait 40 ans qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool, enchaîne-t-il. Il est quand même exceptionnel. Ça va vous paraître idiot, mais j'ai 75 ans et je me dis parfois +est-ce que je fais bien d'aller (sur scène, il ne finit pas sa phrase)... Mais quand je vois Mick Jagger, je me dis, si il y a été, j'y vais aussi, même si ce n'est pas comparable bien sûr (rires)".

Il a évidemment été voir Laurent Voulzy en tournée dans les églises. "Je suis extrêmement ému de sa foi. J'aimerais avoir la foi comme lui mais je ne l'ai pas". Et d'ajouter, espiègle, qu'il a aimé "tous ces gens qui crient" dans ces lieux de culte sur la reprise de "My sweet lord" de George Harrison.

De quoi lui donner envie de chanter dans des églises? "Non, je ne veux pas lui piquer son idée (rires)".