En présentant son dernier film, "Un monde plus grand" de Fabienne Berthaud à Bastia, l'actrice belge Cécile de France a confié à l'AFP que jouer cette "vraie héroïne" qui plonge dans le chamanisme mongol était "le rôle de sa vie".
"C'est un univers que je ne connaissais absolument pas, une histoire universelle où tout le monde peut se reconnaître parce qu'elle parle de nos peurs, de ce qu'on ne contrôle pas", explique l'actrice, précisant que ce film initiatique, "un peu comme Karaté Kid" est une adaptation libre du livre de la "vraie chamane" Corine Sombrun "Mon initiation chez les Chamanes".
Dans ce drame, présenté en avant-première au festival du film méditerranéen de Bastia, Arte Mare et en salles le 30 octobre, la comédienne incarne une femme endeuillée partie en Mongolie à la rencontre d'éleveurs de rennes, les Tsaatans. Bouleversée par sa rencontre avec la chamane Oyun, elle apprend qu'elle possède, elle-même, un don.
"C'était la possibilité d'interpréter une héroïne, un vrai portrait de femme libre, forte et courageuse, un rôle exceptionnel! Je n'ai pas reçu beaucoup de propositions comme ça dans ma vie, c'est un peu le rôle de ma vie", assure l'actrice de 44 ans aux 50 films et 26 ans de carrière.
Lors du mois de tournage en Mongolie, sans eau courante ou électricité, Cécile de France confie avoir vécu "une expérience humaine, artistique et philosophique qui m'a permis de réfléchir, de remettre en question beaucoup de nos certitudes à nous blancs occidentaux". "J'ai appris beaucoup auprès des Tsaatans", notamment "cette gratitude immense qu'ils ont envers la nature".
Une thématique existentielle touchant au rapport à la vie et à la mort qu'elle a déjà abordée dans "Au-delà", le drame fantastique de Clint Eastwood où elle donnait la réplique à Matt Damon, et qu'elle va retrouver dans le prochain film d'Emmanuelle Bercot, "De son vivant". Dans ce drame, elle tient "un second rôle" au côté de Catherine Deneuve qui joue une mère sur le point de perdre son fils (Benoît Magimel) malade.
- Passion pour 'l'inexpliqué' -
"C'est passionnant de s'émerveiller devant des choses inexpliquées, les mystère de la vie et les sujets pas encore complètement contrôlés par la science", explique-t-elle en écartant une boucle blonde de son regard azur.
Mais si ces thématiques la passionnent, elle ne s'y cantonne pas. Elle vient ainsi de terminer "Comédie humaine", son troisième film avec le réalisateur Xavier Giannoli qui est "l'adaptation des Illusions Perdues de Balzac, un très beau film tourné en costumes avec Xavier Dolan, Jeanne Balibar, Gérard Depardieu, Vincent Lacoste et Benjamin Voisin qui a le rôle principal et est extraordinaire".
Elle glisse aussi avoir le sentiment d'avoir "fait un peu le tour" des rôles d'homosexuelles qu'elle a incarnés à cinq reprises, notamment dans la trilogie de Cédric Klapisch ("L'Auberge espagnole", "Les Poupées russes" et "Casse-tête chinois) qui lui a valu deux César.
Pas attirée "du tout" par la réalisation, elle confie avoir vécu "comme une grande chance au niveau artistique" le tournage du dernier film de Wes Anderson, "The French Dispatch", où elle joue "une toute petite scène". Cette comédie dramatique, qui raconte le quotidien de journalistes correspondants américains à Paris dans les années 1950, reste une énigme pour l'actrice: "on n'arrive pas vraiment à comprendre ce que ça va devenir parce qu'il va le traiter en noir et blanc, en animation et rajouter des choses dessus mais le voir réfléchir et nous diriger pour fabriquer son truc vraiment unique au monde, c'était très intéressant".
Quant à la série de l'Italien Paolo Sorrentino "The New Pope" qu'elle a tournée "pendant six mois", "dans des décors incroyables, notamment à Cinecitta à Rome" avec Jude Law et John Malkovich, celle qui ne veut "pas trop tourner" pour préserver sa vie privée souligne qu'il faut des projets aussi excitants que celui-ci pour l'emmener loin des siens: "j'aime tourner en France, les acteurs sont vraiment écoutés, on peut vraiment collaborer à la création du personnage".