Atteint d'un cancer rare diagnostiqué en 2018, Irrfan Khan venait d'être hospitalisé cette semaine à Bombay et son décès a été annoncé mercredi par son agent selon lequel "Irrfan était une âme forte, quelqu'un qui a combattu jusqu'à la fin et a toujours inspiré tous ceux qui se sont approchés de lui".
Né le 7 janvier 1967 dans le Rajasthan (Nord), Irrfan Khan s'est découvert très jeune une passion pour le théâtre et étudie à la National School of Drama de New Delhi. Mais jouer Shakespeare ou Tchékhov ne l'aide guère à ses débuts, dans les années 1980, dans un cinéma indien prisant alors plutôt les blockbusters avec chants et danses.
Il décroche un rôle dans "Salaam Bombay" (1988) de Mira Nair mais doit se résoudre à voir au montage son rôle réduit à une simple apparition. Il pleure des heures durant, confiera-t-il au magazine indien Open: "cela a changé quelque chose en moi. Après ça, j'étais prêt à tout".
Suivent des rôles pour la télévision, quelques rôles secondaires à Bollywood. Les producteurs l'écartent de tout rôle principal, jugeant son physique atypique. Frustré, le voilà sur le point de tout abandonner lorsque le cinéaste britannique Asif Kapadia fait appel à lui pour "The Warrior" (2001).
Encensé, le film vaut à Irrfan Khan d'être repéré en Inde par une nouvelle génération de réalisateurs désireux d'explorer de nouveaux territoires.
Sa formation classique lui sert dans des adaptation de "Macbeth" ("Maqbool", 2003) et "Hamlet" ("Haider", 2014). Il gagne le coeur du public dans des films plus légers comme "Piku" (2015), aux côtés des superstars de Bollywod Amitabh Bachchan et Deepika Padukone.
Parallèlement, il s'est ouvert la route d'Hollywood en s'attachant à prendre ses distances avec les conventions bollywoodiennes pour se concentrer sur la subtilité de son jeu. Il joue aux côtés d'Angelina Jolie dans le drame "Un cœur invaincu" (2007) de Michael Winterbottom, présenté à Cannes.