A Saint-Denis, le parvis de la basilique est noir de monde en fin d'après-midi, mélange d'habitants et de touristes de tous âges, agitant des petits drapeaux français au rythme des tubes de pop et de R'n'B crachés par les énormes enceintes.

Puis c'est au tour de la cheffe Zahia Ziouani et de son orchestre Divertimento de prendre le relais.

"Saint-Denis, c'est ma ville !", lance alors à la foule le journaliste de télévision Mohamed Bouhafsi, premier relayeur du trio de fin, en saluant "une ambiance de folie". Vêtu de la tenue blanche officielle des relayeurs, il a parcouru le long podium en forme de piste olympique bleu-blanc-rouge avant de transmettre la flamme à l'ancienne mannequin et actrice Laetitia Casta.

De part et d'autre, la foule joyeuse crie, applaudit, filme. Celle qui a prêté ses traits à Marianne s'engouffre dans la basilique, les portes monumentales se referment derrière elle.

Quelques secondes plus tard, sur le toit de la nécropole des rois de France, Pharrell Williams se présente à la foule, enveloppé un instant par un lâcher de fumigènes tricolores.

La Marseillaise est entonnée en cœur, la flamme olympique est rangée dans la lanterne. 

Elle doit réapparaître le soir à la cérémonie d'ouverture.

"C'est génial", s'enthousiasme Myriam Amri, comptable de 38 ans qui a grandi à Saint-Denis. "Toute la mise en scène est magnifique".

 "Quel boss !" 

Plus tôt dans la journée, tous les regards étaient tournés vers le Stade de France.

Au pied de l'enceinte construite pour la Coupe du monde de foot 1998, habitants, fans de rap, touristes étrangers ou simples curieux se sont pressés le long des barrières dans une atmosphère fébrile et joyeuse pour apercevoir Snoop Dogg, le rappeur californien aux longues dreadlocks et à la voix traînante.

"Imagine, il fait le fou il prend la flamme, il allume son joint avec !", s'amuse dans le public un spectateur, Toufik, tant l'image du musicien est inséparable de l'éternel pétard qu'il arbore au coin des lèvres.

Tatoueuse de 30 ans, Cali a sauté dans le premier train de Lyon quand a été annoncée la présence du rappeur Snoop Dogg, 52 ans. "J'aime beaucoup le rap américain, Tupac, Biggie... Ça a bercé mon enfance (...) On s'est dit qu'il serait plus accessible, que ça serait une chance de le voir personnellement", confie-t-elle.

Vers midi, celui qui commentera des épreuves olympiques pour la chaîne NBC apparaît enfin sur la passerelle au-dessus du canal Saint-Denis, flamme en main. Faisant un tour dans un jardin en bord du canal, la foule lui offre un accueil de rock star.

"Quel boss !", "Eh mais il est grand de ouf !", s'exclament des badauds tandis que "Snoop Doggy Dogg" - l'un de ses surnoms - s'offre le luxe d'esquisser quelques pas de danse avant de transmettre la flamme à une relayeuse, à bord d'une péniche qui remonte le canal Saint-Denis vers Paris.

"Même si on a été embêtés par les travaux, c'est une réjouissance d'avoir une belle cérémonie", témoigne Kelly, 36 ans, habitante du quartier Pleyel qui a subi les nuisances du chantier du village olympique.

Dans la matinée, dans le village des athlètes, l'ambiance était plus studieuse pour le dernier jour du voyage de la flamme. 

L'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a reçu une "standing ovation" des sportifs et de leur staff, tout comme le président du Comité international olympique Thomas Bach, qui a appelé à "profiter" des Jeux (26 juillet-11 août puis 28 août-8 septembre).

L'enthousiasme de Lindon Victor est intact avant d'aborder ses troisièmes JO. "C'est génial ce qui se passe, j'ai hâte", glisse l'athlète grenadien, qui s'est faufilé parmi les officiels pour obtenir un selfie avec le champion de basket espagnol Pau Gasol.