Alors que les prix à la pompe restent toujours très élevés, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé ce week-end dans les colonnes du Parisien que les distributeurs pourront vendre de l'essence "à perte" pendant quelques mois afin de leur permettre de "baisser davantage les prix". Bruno Le Maire a précisé lundi 17 septembre le calendrier.

La mesure de vente de carburants à perte passera par l'Assemblée nationale en octobre et "entrera en vigueur le 1er décembre pour une durée de six mois", a annoncé le ministre de l'Economie sur le plateau de France 2. "Ca permettra de trouver, en fonction de ce que peuvent faire les distributeurs, des carburants moins chers partout en France", a-t-il ajouté, sans pour autant préciser à combien se chiffrerait cette baisse.

Bruno Le Maire a par ailleurs rappelé que TotalEnergies avait récemment prolongé le plafonnement du prix du carburant à 1,99 euro le litre. "Globalement, notre méthode est d'engager tout le monde dans cette lutte contre l'inflation. L'Etat ne peut pas porter tout seul", a-t-il martelé.

La vente à perte est interdite par la loi depuis 1963. A l'origine, l'interdiction devait protéger les professionnels plus fragiles de toute menace de "dumping" de commerces aux reins plus solides. Le risque était que ceux-ci soutiennent des pertes le temps que leurs concurrents plus fragiles, éreintés par les prix cassés, disparaissent, leur laissant ensuite le champ libre pour pratiquer les politiques tarifaires de leur choix.

De nombreux distributeurs ont procédé ces derniers mois à des opérations de vente de carburant à prix coûtant. Mais le secteur fait généralement de l'essence et du gazole un produit d'appel, ne prenant sur leur distribution que de faibles marges. Dans ce contexte, le prix coûtant ne fait baisser que faiblement le prix facturé au client en bout de chaîne.

Avec une vente à perte autorisée, Emmanuel Combe estimait toutefois en 2012, lorsqu'il était vice-président de l'Autorité française de la concurrence, qu'il était tout à fait possible d'imaginer "des stratégies de baisses de prix agressives, temporaires et locales de la part de certains distributeurs", ce qui pourrait avoir de vraies conséquences sur le prix facturé au client, explique l'AFP.