Le gouvernement a beau répéter qu'il ne veut pas avoir recours à l'article 49.3 de la Constitution, soit une adoption sans vote du texte sur la réforme des retraites, aura-t-il le choix ?

Si le texte a été largement approuvé au Sénat, la position de l'Assemblée nationale reste très incertaine.

Les débats parlementaires reprendront mercredi, avec la convocation d'une commission mixte paritaire (CMP) en parallèle d'une huitième journée de manifestations contre la réforme. Si un accord est trouvé, le texte ira jeudi de nouveau au Sénat pour une dernière validation puis, vraisemblablement dans un immense suspense, à l'Assemblée nationale.

"Plus de doutes à l'Assemblée" 

"Nous avons eu la majorité au Sénat.

C'est une victoire politique majeure", s'est félicité lundi 13 mars sur Franceinfo le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Il y a plus de doutes à l'Assemblée. Il faut que nous mettions toutes nos forces dans la bataille pour dégager une majorité à l'Assemblée nationale cette semaine", a-t-il également reconnu.

Bruno Le Maire a ensuite critiqué que la position des députés LR, qui menacent de ne pas voter le texte. "Ce serait lunaire d'avoir un parti qui vote le texte au Sénat et qui ne le vote pas à l'Assemblée nationale. Ce serait lunaire d'avoir un parti politique qui s'est engagé devant les français derrière sa candidate à la présidentielle en 2022 pour la retraite à 65 Ans, qui s'est fait élire ensuite pour ses députés avec un programme législatif de départ à 65 ans et qui ne voterait pas ce texte", a-t-il critiqué. Et d'ajouter : "On ne peut pas se dire de droite et refuser l'équilibre des finances publiques ou l'équilibre du régime de retraites par répartition".

"La majorité fera bloc" 

Puis sur les éventuels députés de la majorité qui pourraient également refuser de donner leur voix, Bruno Le Maire refuse de parler de sanction, mais assure : "Je n'ai aucun doute que la majorité fera bloc, qu'il s'agisse d'Horizons, de Renaissance ou du Modem". Et de rappeler : "Quand on a été élu parlementaire sur un projet législatif clair – âge de départ à 65 ans puis à 64 ans – il n'y aucune raison de ne pas voter cette réforme".

Certains députés macronistes sont effectivement hésitants, comme l'ancienne ministre Barbara Pompili qui ne veut pas voter la réforme, malgré le risque d'une exclusion du groupe Renaissance. Ne pas approuver cette réforme "serait un geste qui serait déloyal vis-à-vis de notre majorité et vis-à-vis des Français parce que cette réforme est indispensable et nécessaire", a martelé la semaine dernière la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.