Le texte est le premier des six inscrits par le RN à l'ordre du jour de la journée réservée à ses initiatives parlementaires, et qui seront débattus jusqu'à minuit au plus tard.

Le député RN Thomas Ménagé, rapporteur du texte, a attaqué une réforme "sacrificielle, injuste, inutile", fustigeant dans un même mouvement "le sectarisme de la gauche et de l'extrême gauche", qui n'a pas souhaité soutenir son texte en commission, et "l'entêtement" des macronistes, qui leur ont fait la "courte échelle" pour le torpiller.

"Vous avez voté ensemble pour saborder notre texte afin de restreindre les débats en hémicycle", a-t-il déploré.

Après avoir vu sa proposition de loi amputée de son principal article en commission, le RN a vu ses amendements visant à le rétablir retoqués par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, au nom de l'article 40 de la Constitution qui empêche théoriquement les députés de grever les finances publiques. 

Engagé dans un bras de fer avec le RN pour apparaître comme le meilleur combattant de la réforme, le NFP défendra son propre texte dans la "niche LFI" le 28 novembre. "Ce jour-là, nous discuterons d'une vraie réforme d'abrogation des réformes des retraites que vous n'avez jamais combattue", a promis l'oratrice LFI, Anaïs Belouassa-Cherifi, dénonçant "l'arnaque sociale" du RN.

Au groupe écologiste, Benjamin Lucas-Lundy a pointé le "slalom idéologique" du RN sur la question, fustigeant une "évolution opportuniste" et dénuée de "sincérité" pour faire un coup politique.

"Vous êtes dans une course à l'échalote avec le Nouveau Front populaire", a balayé le député MoDem Philippe Vigier, tandis que l'ancienne ministre Prisca Thevenot (Renaissance) a dénoncé un débat destiné seulement à permettre au RN de "(se) rouler en boule" et "crier au déni démocratique".

Les députés ont rejeté les uns après les autres les articles, dans une atmosphère tendue, notamment lorsque M. Ménagé a égrené les noms des membres NFP de la commission des Finances ayant détricoté sa proposition de loi. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, y a vu une "menace, celle de jeter à la vindicte populaire le vote et le nom des députés".

"Pour la énième fois, l'extrême gauche a contribué à repousser l'abrogation de la réforme d'Emmanuel Macron (...) Ils sont prêts à trahir leurs électeurs pour ne surtout pas voter autre chose que (leur) texte", a déclaré la cheffe de file du RN, Marine Le Pen, à la presse, en assurant que son groupe voterait au contraire le texte de la France insoumise.

Un oeil à droite 

Passées les explications de texte avec la gauche, le RN ouvrira un autre chapitre sur le régalien, le regard cette fois tourné vers la droite et les réactions des ministres de Michel Barnier, issu de LR. "La question sera: quelles sont les positions des ministres ?", a insisté Jean-Philippe Tanguy.

Le RN proposera notamment d'assouplir les conditions d'expulsion de certains délinquants étrangers, et d'instaurer des peines planchers pour certains crimes et délits.

Toujours soucieux d'obtenir des victoires idéologiques, le parti lepéniste entend obtenir des voix du groupe Droite républicaine (ex-LR) de Laurent Wauquiez... qui ne compte pas rechigner à soutenir ces deux textes.

Et la position de la droite pourrait encore fragiliser la coalition gouvernementale avec les macronistes. "On aurait un problème de cohérence si les députés DR votent des textes du RN. J'espère qu'ils ne le feront pas", a déclaré à l'AFP la porte-parole du groupe macroniste EPR Marie Lebec.

D'autant que sur le papier, certains alliés chez Horizons (parti d'Edouard Philippe) pourraient aussi voter le texte sur les peines plancher, mais seulement si leurs amendements de révision du périmètre du texte sont adoptés.

En plus de ces textes régaliens, le RN proposera de supprimer le critère de diagnostic de performance énergétique (DPE) pour la location d'un logement, un texte plus technique sur le régime de gestion des barrages hydroélectriques ou encore d'instaurer l'exonération d'impôt sur le revenu des médecins et infirmiers en cumul emploi-retraite.