"Nous sommes prêts à participer à un gouvernement, mais en étant attentifs sur les garanties pour une vraie politique de droite sur les sujets que nous jugeons fondamentaux", a selon un participant déclaré Laurent Wauquiez, à l'occasion d'une réunion des députés LR mercredi à Aix-les-Bains (Savoie).

A Annecy (Haute-Savoie), les sénateurs ont également soutenu le choix de rejoindre l'exécutif de Michel Barnier, selon une autre source. La droite n'a pas participé à un gouvernement depuis 12 ans, victime de déroutes électorales successives qui l'ont quasiment menacé de disparition.

Issu de la même famille politique, l'ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy ira voir les siens jeudi à 16H30 à Annecy. Il en profitera pour visiter auparavant la Savoie voisine, son département d'élection, qu'il a présidé pendant 17 ans. 

Michel Barnier a déjà rencontré les parlementaires de chacune des composantes de l'ancienne majorité, qui elles aussi se sont dites prêtes à participer à un gouvernement, sans donner un "blanc-seing" au Premier ministre.

 "Emu" 

Aux journées parlementaires d'Horizons, à Reims mercredi, Michel Barnier s'est dit "très touché, même ému par l'accueil" de la formation de l'ancien chef du gouvernement, assurant que des élus d'Horizons figureraient "bien sûr" dans son gouvernement, promis pour "la semaine prochaine".

Il s'agira bien d'une "nouvelle équipe", a assuré M. Barnier, qui ne dispose d'aucune majorité absolue à l'Assemblée nationale, compliquant en terme d'équilibres politiques la constitution de l'équipe gouvernementale.

A cet égard il appellera ou recevra les potentiels futurs ministres "à partir de ce week-end", selon son entourage.

Edouard Philippe a de son côté renouvelé mercredi soir sur BFMTV son soutien à son ex-compagnon de parti LR, "un très bon choix du président de la République". 

Il s'est dit ouvert à une amélioration de la réforme des retraites si la "philosophie" de la réforme de 2023 --"travailler plus longtemps"-- est conservée. Mais a mis en garde contre des hausses d'impôts, malgré la volonté de M. Barnier de plus de "justice fiscale".

En matière migratoire, M. Philippe a jugé que la suppression de l'aide médicale d'Etat (AME) envisagée par certains LR était "une très mauvaise idée".

Devant les parlementaires MoDem réunis à Cély-en-Bière (Seine-et-Marne), Michel Barnier a tenu des propos "appréciés" par les participants. 

Il a indiqué qu'il y aurait des ministres MoDem, ont rapporté des élus. Il a évoqué l'idée de réunir une "conférence sociale", promis de "regarder" les sujets de fiscalité, pour éventuellement "augmenter certains" impôts et de reprendre l'examen du projet de loi agricole, interrompu par la dissolution. Il a aussi dit apprécier "le texte initial" sur la fin de vie.

Les députés Renaissance avaient eux rencontrés M. Barnier mardi soir. Le bureau exécutif du parti, réuni mercredi soir, n’a pas formellement acté sa participation au gouvernement, souhaitant poursuivre les "discussions programmatiques" et érigeant en "impératif" la présence de la gauche comme de la droite et du centre.

CV sur le bureau 

Avec 47 élus à l'Assemblée nationale, la droite joue un rôle pivot. Si son leader de LR, Laurent Wauquiez, avait dans un premier temps écarté d'y participer, la ligne a changé et les noms de plusieurs figures de droite circulent pour d'importants ministères. 

La députée et secrétaire générale de LR, Annie Genevard, a été la première, sur Sud Radio, à exprimer publiquement son intérêt pour un ministère, à l'Education nationale si cela lui était proposé.

Le nom de Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions pour 2027, figure parmi les prétendants au ministère de l'Intérieur. 

Les "CV de LR atterrissent sur le bureau de Michel Barnier", observe un sénateur amusé, convaincu que M. Wauquiez ne peut "rester dans un bourbier à l'Assemblée, pendant que les autres prennent la lumière au gouvernement". 

"Si on ne veut pas être devancé par ses troupes, il faut les devancer", analyse cette source, rappelant que Nicolas Sarkozy défend depuis 2022 que c'est à "l'intérieur du gouvernement que l'on creuse son trou". 

Selon une source sénatoriale, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, lorgnerait aussi la Place Beauvau et Bercy, voire la Justice.