Une semaine après sa visite à l'école Littré, à Paris, où quolibets et caméras l'attendaient après sa sortie sur les "paquets d'heures" non remplacées à l'école publique, "AOC" a choisi la discrétion mardi matin en se rendant à un collège rural à vingt kilomètres de Reims.

Pas de déclarations tapageuses mais ce commentaire devant les élèves, relevé par le journal l'Union: "Je sais que je n'ai pas bien commencé, que j'ai eu des propos maladroits...". Elle a ensuite participé aux vœux olympiques d'Emmanuel Macron.

Douze jours après sa nomination à la tête d'un ministère réunissant l'Education, orpheline de Gabriel Attal promu à Matignon, les Sports et des Jeux olympiques, son équipe la dit "au travail". Espérant clore une séquence qui a suscité des doutes sur son avenir - elle-même a reconnu sur France 2 avoir songé à démissionner.

Lors d'une réunion des députés Renaissance, la semaine dernière, "certains ont exprimé des réserves sur le fait qu'elle continue", même si "c'était minoritaire", rapporte à l'AFP un cadre du groupe. "Depuis le début, certains considèrent que c'est mal emmanché", ajoute-t-il.

Quand elle est nommée, le 11 janvier, "AOC" est pourtant la "bonne élève" du gouvernement. Décidée à être "ministre à fond" alors que les syndicats d'enseignants s'alarment de l'ampleur de son périmètre et de sa réelle marge de manœuvre sur un sujet, l'éducation, surveillé de près par Emmanuel Macron et Gabriel Attal.

"Propos maladroit"

Tout bascule le lendemain, lors de son premier déplacement, dans un collège d'Andrésy (Yvelines). 

Interrogée sur la scolarisation de ses trois fils dans la prestigieuse école privée parisienne Stanislas, la ministre invoque des "paquets d'heures pas sérieusement remplacées" à l'école publique Littré où a été brièvement scolarisé son aîné.

"Propos lunaires" et "séparatisme social": le tollé est immédiat chez les syndicats et la gauche. 

La ministre, également raillée pour une question à un élève portant sur ses "baskets", tente de déminer 24 h après. Auprès de l'AFP, celle qui est est brocardée comme une incarnation d'un élitisme "déconnecté", dit "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants".

Mais dès le dimanche, l'incendie reprend. Dans Libération, l'ex-enseignante de maternelle à l'école publique du fils de la ministre dément avoir été absente.

Lundi 15 janvier, c'est la crise: les oppositions réclament la démission d'une ministre accusée de "mensonges". La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot botte en touche: "Je ne sais pas si elle a menti".

Livide, en retrait lors d'un déplacement pour les JO, la ministre demande de "clore" le "chapitre des attaques personnelles". 

Mais, comme réclamé par des syndicats, elle se rend le lendemain à l'école Littré, sous les huées, présenter des "excuses" aux enseignants.

L'image ternit sérieusement le renouveau gouvernemental voulu par Emmanuel Macron mais le président défend sa ministre le soir-même lors de sa conférence de presse: elle a eu "raison de s'excuser" de son "propos maladroit", lance-t-il devant une assemblée où l'intéressée écoute attentivement, stabilo en main.

"Accident du travail"

Un autre front s'ouvre le même soir: Mediapart publie un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale sur Stanislas, relatant des "dérives" notamment homophobes.

"AOC" doit remonter au créneau pour assurer que l'établissement catholique fait l'objet d'un "plan d'action" suivi avec "rigueur". Mais elle se déporte aussitôt de ce nouveau dossier brûlant où il est aussi question d'un "contournement" de Parcoursup ayant concerné notamment son fils, selon Mediapart.

Lundi, elle a aussi été rattrapée par le versant sport avec la publication d'un rapport parlementaire sur les fédérations sportives qui pointe son salaire "anormal" lorsqu'elle dirigeait la Fédération française de tennis (FFT). Un document "militant", répond-elle.

Dans cette tempête qui ne faiblit pas, elle s'affiche en réunions et déplacements. Sa directrice du cabinet vient aussi d'être nommée.

Mardi soir, Mediapart a à nouveau épinglé la ministre pour avoir fait le choix de classes non-mixtes pour ses fils au collège à Stanislas alors qu'elle est censée lutter contre les stéréoptypes de genre à l'école. 

"Elle a du tempérament", a estimé dimanche le maire de Meaux Jean-François Copé (LR). "Je pense qu'elle peut se relever", juge aussi un député Renaissance.

Avec déjà un nouveau test: la mobilisation de syndicats remontés, jeudi à l'appel du Fnec-FP-FO pour l'école publique, puis le 1er février, mouvement annoncé en décembre par quatre syndicats sur les salaires et les conditions de travail.