Considéré comme le numéro un mondial de l'équipement de sport hors textile et chaussures, le groupe finlandais Amer Sports vient de passer sous pavillon chinois pour un montant de 4,6 milliards d'euros, avec ses marques de skis Salomon et Atomic et de tennis Wilson.
A l'origine de cette offre publique de rachat, initiée en décembre et bouclée jeudi, se trouve le consortium Mascot Bidco Oy, mené par Anta Sports, puissant groupe chinois de vêtements sportifs de marque, dont la valeur est estimée à 12,5 milliards de dollars.
Sont associés à cette opération le géant technologique chinois Tencent, le fonds d'investissement asiatique FountainVest Partners et le milliardaire canadien Chip Wilson, fondateur de la marque de textile sport Lululemon, via sa société d'investissement, Anamered Investments.
Le consortium a décidé de payer le prix fort, soit 40 euros par action, pour s'offrir le fleuron finlandais qui était valorisé 4,4 milliards d'euros à la fin de l'année 2018.
Outre les skis Salomon et Atomic, les raquettes de tennis Wilson, près d'une dizaine de marques sportives prestigieuses internationales tombent ainsi dans l'escarcelle du consortium comme le spécialiste français du vélo Mavic, les montres de plongée Suunto, les vêtements et équipements de fitness Precor ou encore les battes de baseball Demarini et Louisville Slugger.
Cette coûteuse offre de rachat, dans l'air depuis septembre 2018, vise des retombées juteuses. Selon les analystes chinois, elle tombait à point nommé pour profiter de l'engouement pour les sports d'hiver à l'approche des jeux Olympiques d'hiver de Pékin, en 2022.
Anta, sponsor officiel des vêtements de l'équipe nationale chinoise aux JO de Rio, s'est également positionné comme sponsor des jeux à Pékin. Pour améliorer sa visibilité, le groupe chinois soutient aussi d'autres équipes ou des sportifs comme le légendaire boxeur philippin Manny Pacquiao.
Anta Sports, dont le siège est situé à Jinjiang dans la province de Fujian dans le sud-est de la Chine, a multiplié les initiatives pour acquérir de grandes marques étrangères.
- La Chine conquérante en Europe -
Les résultats finaux de l'OPA seront confirmés et annoncés mardi prochain par l'acheteur, a indiqué Amer Sports dans un communiqué.
Le groupe confirme également que désormais le consortium Mascot Bidco Oy détient 94,38% de participation et de ses droits de vote.
Considéré comme le numéro un mondial du matériel de sport hors textile et chaussures, Amer Sports, fondé en 1950 et à l'origine présent dans l'industrie du tabac, s'était diversifié dès le début des années 2000 dans le matériel sportif.
Il s'était lancé dans une série d'acquisitions dont celle du groupe français Salomon en 2005 ou du spécialiste du fitness Precor. Le groupe détient également les marques Arc'teryx, Peak Performance, Armada et Enve Composites.
Amer Sports réalise 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et emploie près de 9.500 personnes.
Son rachat illustre une nouvelle fois la puissance et l'ambition des investisseurs chinois, notamment en Europe.
Selon une étude publiée en mai 2018 par l'ESADE, institut économique espagnol, la Chine est devenue en 2016 le deuxième investisseur dans l'Union européenne, derrière les Etats-Unis.
Les entreprises et les fonds chinois ont investi un montant record de 170 milliards de dollars en 2016, avec 56 opérations dépassant le milliard de dollars, d'après des statistiques officielles chinoises.
D'après de premières estimations, dans l'UE, les investissements chinois ont atteint 41,15 milliards de dollars en 2017, en augmentation de 31% sur un an, particulièrement en Allemagne et au Royaume-Uni.
Parmi les investissements chinois les plus remarqués en Europe ces dernières années figurent des prises de participation au Portugal où l'État chinois est aujourd'hui le principal actionnaire du groupe électricien Energias de Portugal (EDP), la première entreprise portugaise.
Dernièrement, les investissements et discussions lancées par la Chine autour des "nouvelles routes de la soie", ensemble de projets d'investissements en infrastructures censés relier l'Asie, l'Afrique et l'Europe, suscitent des divisions au sein de l'Europe, certains pays craignant l'influence grandissante de Pékin.